L’édito de Camille Lainé

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L’édito de Camille Lainé

C’est la lutte FINALE !

Clôturer cette semaine me semblait difficile sans parler de l’événement qui anime le pays ces derniers jours… L’Équipe de France est en finale de la Coupe du monde !

La joie qui s’est emparée de millions de personnes ce mardi était impressionnante et je ne vous cache pas que j’en faisais partie… Voir cette liesse s’emparer de nos rues, cette chaleur, ces moments partagés entre toutes et tous est quelque chose qui arrive malheureusement si rarement qu’on oublierait presque que c’est possible !

Mieux, les impressionnantes images des champs élysées ou d’autres lieux publics envahis par la foule prouvent que malgré les conditions drastiques de sécurité et les interdictions, quand le nombre se fait sentir, pas grand chose ne lui résiste !

Certes je vois des camarades, ou d’autres personnes déplorer que ces rassemblements massifs, cette fougue ne se fasse pas ressentir à d’autres moments, notamment dans nos luttes, mais je pense qu’il ne faut pas opposer ce qui au final, n’a pas de raison de s’opposer.

Nous le savons, et nous sommes aux premières loges pour le constater, la vie est dure en ce moment. La précarité est grandissante, la pauvreté gagne du terrain, nos conditions de vie se dégradent et en réponse à tout ceci nous avons un gouvernement qui ne cesse de continuer à faire pleuvoir sur nous les coups dictés par les puissants. Chaque jour, chaque heure, chaque minute, des militants comme nous le sommes se battent et luttent dans une perspective révolutionnaire pour en finir avec tout ça. Chaque jour, chaque heure, chaque minute, des milliers de gens ressentent dans leurs tripes les injustices, les horreurs que créent le capitalisme. Certaines et certains nous ont déjà rejoint dans le combat, d’autres n’ont pas encore franchi ce pas.

Opposer ce terrain qui est le nôtre, celui des luttes, au terrain de football qui fait briller les yeux de millions de nos semblables n’a pas de sens dans la réalité. Lors du but de Samuel Umtiti qui nous a délivré, parmi celles et ceux qui hurlaient de joie, il y en avait qui distribuaient des tracts au marché le lendemain, d’autres qui sortaient d’une heure d’information syndicale dans leur boite, des lycéennes et lycéens qui se battent contre Parcoursup, des gens qui étaient dans la rue contre la loi travail, d’autres qui se mobilisent dans leur Ehpad, etc.

Je l’affirme ici et met en garde quant au discours moralisateur suintant le mépris de classe de beaucoup de responsables politiques, notamment de gauche. Il n’y a pas une élite militante qui se bat d’un côté et de l’autre des masses si bêtes qu’elles préféreraient s’extasier devant “des millionnaires qui courent après un ballon”. C’est d’une part honteux et faux, d’autre part la meilleure excuse pour ne pas s’interroger sur nos stratégies et certains de nos échecs…

A croire que “At the first i was afraid, i was petrified” célèbre début du célèbre I will survive érigé en hymne lors de notre victoire en 1998 est en fait le révélateur de ce que ressentent certains lorsqu’ils sentent qu’une liesse populaire leur échappe…

C’est toujours moins pire que les tweet racistes de Le Pen et de sa clique,  mais ca ne doit pas être une excuse !

Oui le monde du sport est en partie pourri par l’argent. Oui les institutions du foot sont à l’image de notre monde et du système qui le domine. Oui, Macron se sert de la coupe du monde politiquement mais arrêtons d’être donneurs de leçons en criant “Du pain et des jeux!!”. En tant que Communistes nous savons justement que les plus fragiles savent que le pain qu’on leur jette n’est que des miettes… Pourquoi ne seraient-ils pas capables de prendre les jeux que pour les jeux ?

Oui pendant une coupe du monde, hormis les agitations de l’extrême droite, le racisme se fait moins sentir en surface, doit-on pour autant nier le racisme structurel pendant et après cette compétition ? Bien sûr que non !

Oui pendant une coupe du monde, on nous parle des quartiers populaires comme des viviers de talents qui font la fierté de notre pays alors qu’on les dénigre en permanence, qu’on les prive de services publics, de moyens, qu’on les stigmatise, etc… Doit on arrêter de nous battre pendant et après cette coupe du monde ? Bien sur que non !

Notre génération est capable de vivre une fête comme celle de 1998 sans tomber dans les dérives de récupérations politiciennes qui en ont été faites ensuite.

Profitons de ce moment comme il se doit, partageons, échangeons, vivons nos émotions et nous pouvons, comme sur d’autres événements plus dramatiques prendre ce moment avec le coeur chaud et la tête froide pour citer quelqu’un disparu un 11 juillet il y a désormais quelques années.

Bon week-end à toutes et tous et… Allez les bleus !


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