L’édito du mercredi par Antoine Guerreiro

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L’édito du mercredi par Antoine Guerreiro

« La saison des tempêtes »

Dans cinq jours, c’est la rentrée étudiante. C’est un nouveau départ, de nouveaux et nouvelles ami.e.s, de nouvelles opportunités dans notre projet professionnel… Bref de nouvelles espérances ! Et pourtant, cette année l’ambiance est différente, comme plombée par le poids des événements. Partout règne l’incertitude quant à notre avenir, à celui du pays et du monde. Il est vrai que l’été fut inquiétant.

Les tensions avec la Corée du Nord et les menaces contre le Venezuela ont confirmé, si besoin était, la dangerosité de Donald Trump. En politique intérieure aussi, le président a révélé sa vraie nature par son refus de condamner l’attentat néonazi de Charlottesville. Enfin, en Europe comme en Afrique, les attentats islamistes se poursuivent implacablement. Notre génération, née après la chute du Mur dans un monde « libre et en paix », que l’on nous présentait comme expurgé de tout conflit, est à juste titre désemparée. La saison des grandes tempêtes de l’Histoire est revenue.

Notre monde nous fait peur parce que nous ne comprenons pas sa logique intrinsèque. Pour y voir plus clair, il est nécessaire de prendre un peu de recul. Les événements que nous vivons ne sont pas isolés mais unis entre eux par des liens solides, chacun étant pour les autres la cause et l’effet à la fois. Il y a dix ans en 2007-2008, le monde connaissait la plus grosse crise financière de son histoire. Si après le 14 septembre 2008 le secteur financier put s’en relever quasiment indemne, sur l’ensemble de la planète les conséquences économiques et politiques se sont faites sentir jusqu’à aujourd’hui. Montée des forces racistes et populistes, tensions diplomatiques, manœuvres militaires…

Tous ces éléments ne sont pas le fruit du hasard, ils sont parties prenantes du même mouvement général. Nous ne vivons pas un mauvais rêve. Nous ne sommes pas victimes d’accidents de l’Histoire. Jusqu’ici, tout est d’une sanglante et implacable logique. Le capitalisme est irrémédiablement en crise, comme il le fut déjà plusieurs fois au siècle précédent, et la guerre et la destruction représentent son unique porte de sortie.

150 ans après la première édition du Capital, les analyses de Marx, qui a su saisir l’esprit et les rouages d’un monde en pleine éclosion, apparaissent plus pertinentes que jamais. Relégué aux étages poussiéreux des bibliothèques, c’est bien la crise de 2008 qui a remis le personnage au goût du jour, poussant jusqu’aux plus libéraux des professeurs, jusqu’aux plus grands PDG et même jusqu’au président Macron… à conseiller sa lecture aux jeunes générations.

Heureuse coïncidence, dans un mois sortira justement en salles le très beau film de Raoul Peck, Le Jeune Karl Marx. Pour celles et ceux qui bouderont les salles obscures cet automne, vous pourrez compter sur les étudiant.e.s communistes pour le projeter partout en France dans vos amphis. Cette œuvre magnifique sur la vie de Marx, la naissance du Manifeste et de l’espérance communiste, à la fois fidèle et romancée, est un très bon outil pour mettre à portée de tou.te.s notre projet révolutionnaire : comprendre le monde pour le transformer, en somme. Au service de ce même objectif, j’aurai d’ailleurs le plaisir de signer ici chaque mercredi un éditorial sur l’actualité étudiante. D’ici là, bonne rentrée à tou.te.s, et puisse la saison des tempêtes être aussi celle des luttes !


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