Le Pen : Vers un Enseignement Supérieur à deux vitesses, élitiste et réactionnaire.

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Le Pen : Vers un Enseignement Supérieur à deux vitesses, élitiste et réactionnaire.

Pour Marine Le Pen et le Front National, l’enseignement supérieur et la recherche de demain c’est celui qui fera la part belle aux héritiers, aux inégalités sociales et à l’uniformisation des étudiant.e.s autour d’une identité nationale fantasmée et islamophobe.

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Sous couvert de méritocratie, la fin de l’enseignement supérieur pour tou.te.s

La méritocratie semble être le maître mot des propositions de la candidate d’extrême-droite en matière d’enseignement supérieur. Cette préoccupation affichée rejoint la longue liste des thèmes mis en avant depuis que le FN a développé une passion – soudaine et tardive – pour ce qu’il appelle les « valeurs républicaines ».

La méritocratie, d’après Marine Le Pen, c’est la sélection à l’université à l’entrée en licence et en master, « mesure essentielle » qui serait « immédiatement mise en œuvre ».

Beaucoup de bruit en somme pour ne pas parler du fait que le premier véritable problème des universités françaises n’a jamais été d’accueillir trop d’étudiant.e.s, c’est de manquer des moyens nécessaires pour les accueillir tou.te.s dans des conditions acceptables. Sur l’évolution des dotations des universités en revanche, le FN n’a rien à dire.

Grandes écoles pour les riches, universités pour les autres

Sous le même prétexte de méritocratie, l’extrême-droite prétend défendre « le modèle d’enseignement supérieur français » en rendant complémentaires l’université et les « grandes écoles » : elle assume donc de vouloir former une élite loin des bancs de l’université républicaine qui nous appartient à tou.te.s.

Personne ne peut pourtant ignorer que ceux qui intègreront ces grandes écoles seront ceux qui correspondront le mieux aux normes de la classe dominante : ils auront vécu leur enfance dans des quartiers tranquilles, encouragés par des parents qui ne travaillent pas la nuit, aidés par un environnement culturel bourgeois et les moyens financiers de poursuivre des études souvent longues et coûteuses.

Pendant ce temps, les enfants d’ouvriers, d’employés et de salariés, déjà terriblement absents de l’enseignement supérieur français, pourront – s’ils y accèdent après la sélection mise en place – grossir les rangs d’universités déjà surpeuplées, et tenter de réussir leurs études sans que leur soient accordés plus de moyens, le plus souvent en travaillant après les cours faute de mieux, première cause d’échec des étudiant.e.s en France.

L’islamophobie jusque dans nos facs

Bien sûr, pour le FN, le principal problème n’est pas celui des inégalités sociales, ni celui de la difficulté pour les étudiants en université, en IUT ou en BTS de construire leur parcours académique en accord avec leurs aspirations et leur besoin d’émancipation. Le problème pour le FN, c’est qu’il y a dans les amphis des étudiantes voilées.

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En fait de moyen d’émancipation, ce que le Front National veut faire de l’enseignement supérieur c’est un lieu d’uniformisation de la jeunesse, qui n’y apprendrait plus à comprendre le monde dans lequel nous vivons mais au contraire à se conformer à des dogmes absurdes qui font notamment du voile un obstacle à « la neutralité et la sécurité » de l’enseignement supérieur. Comprendra qui pourra.

L’enseignement supérieur que nous prépare Marine Le Pen pour le cas où elle serait élue est à l’image de son dangereux programme et de son parti nuisible : une institution de division, d’exclusion, d’intolérance et de creusement des inégalités.


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