Les Jeunes communistes organisent l’unité contre la réforme du bac pro 

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Les Jeunes communistes organisent l’unité contre la réforme du bac pro 

Mobilisé depuis la rentrée contre la réforme du bac professionnel, le Mouvement jeunes communistes de France organisait mardi 2 avril une soirée unitaire sur l’enseignement professionnel, regroupant syndicalistes, militants politiques et parlementaires. 

“Combattre l’indifférence et l’invisibilisation”

“Il est extrêmement rare d’organiser de tels débats publics sur l’enseignement professionnel” explique en tribune Philippe Dauriac, secrétaire national de la CGT Educ’action. C’est bien cette invisibilisation de la question qu’ont voulu combattre les Jeunes communistes en organisant cette soirée. Pour le Secrétaire général Assan Lakehoul, le but est de “parler partout, tout le temps, de cette réforme, car les attaques qu’elle contient sont gravissimes, mais personne n’en parle”. Même son de cloche du côté de Fatiha Keloua-Hachi, députée socialiste de Seine-Saint-Denis : “on ne parle jamais du lycée professionnel, parce que les enfants qui y sont scolarisés n’intéressent personne”. 

Alors, pour faire connaître cette réforme encore méconnue, une première table ronde réunissant des syndicalistes ouvre la soirée. Axel Benoist, Secrétaire général du SNUEP-FSU revient sur l’augmentation du temps passé en stage imposé par la réforme : “il faut déconstruire ce mythe de l’entreprise comme lieu de formation, ce n’est pas vrai !”. Le responsable syndical poursuit : “en entreprise, un élève en mécanique va changer des roues toute la journée, pourtant, le métier auquel il se destine est bien plus large !”. Marie-Ange Aubry, responsable nationale du SNETAA-FO y voit là la preuve “qu’il s’agit d’une réforme du patronat, qui vise à mettre nos élèves au travail rapidement pour les besoins du patronat”. Une volonté de mise au travail qui se traduit aussi par une refonte de la carte des formations pour coller aux besoins immédiats et locaux du patronat. “C’est une rupture d’égalité entre les élèves” analyse Phlippe Dauriac de la CGT. “En fonction des besoins du patronat dans un département, les élèves n’auront pas accès aux mêmes formations sur le territoire”. Le tout, imposé sans aucune concertation, comme le rappelle Maire-Ange Aubry. 

Une réforme sans débats 

De la méthode autoritaire du gouvernement, il en sera question dans la deuxième table ronde organisée avec des parlementaires de gauche. “C’est bien simple, cette réforme, nous ne l’avons jamais votée. Aucun ministre n’a même pris la peine de se déplacer pour qu’on puisse en débattre” dénonce Soumya Bourouaha, députée communiste de Seine-Saint-Denis. Ensemble, les deux députés Séquano-Dionysiennes égrènent les difficultés que vont rencontrer les élèves de leur département avec cette réforme : l’impossibilité de trouver des stages à cause du manque de réseau, mais aussi du racisme, le manque de moyens dans les établissements pour avoir des ateliers de qualité, ou encore les difficultés financières des familles. “Ici, nos élèves finissent par faire des stages au G20 en bas de chez eux, comment voulez-vous qu’ils fassent 6 semaines de stage supplémentaires ? ” s’agace Fatiha Keloua-Hachi. Député écologiste de Loire-Atlantique, Jean-Claude Raux replace cette réforme dans l’histoire récente : “Depuis 20 ans, on saccage l’enseignement professionnel : en 2009 avec la suppression d’une année entière de cours, en 2018 avec des dizaines d’heures supprimées, et encore une fois en 2024 avec cette réforme honteuse”. 

Élections européennes obligent, la soirée sera conclue par Sigrid Gerardin, ex-responsable syndicale en lycée professionnel et numéro deux sur la liste défendue par Léon Deffontaines et le Parti communiste français pour l’échéance du 9 juin. Pour elle, le lien entre la réforme du baccalauréat professionnel et Bruxelles est une évidence : “Le processus de déqualification des diplômes qui est à l’œuvre vient de l’Union européenne, et particulièrement du Traité de Lisbonne de 2008”. Les élections du 9 juin sont donc un levier important pour “imposer un rapport de force en Europe, et c’est le sens de la liste que nous portons avec Léon Deffontaines”. 

Entre bataille électorale et mobilisations sociales, les Jeunes communistes concluent la soirée en appelant à amplifier la mobilisation et multiplier les initiatives comme celles-ci avec un mot d’ordre clair : “Un bac pro pour notre avenir, pas pour les patrons !”. 


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