Les raffineurs ouvrent la voie

publié le dans
Les raffineurs ouvrent la voie

Devinette. Des raffineurs travaillent dans des conditions difficiles. Régulièrement ils ratent Noël, dégradent leur santé au travail, font les 3 x 8. Des patrons et actionnaires s’enrichissant sur le dos de ces raffineurs refusent d’écouter leurs revendications, les poussant à la grève pour se faire entendre. La grève est très efficace, les stations-service ne sont plus alimentées. Qui est responsable de la situation ?

Au-delà de l’évidence de la réponse, penchons-nous de plus près sur la question. Les raffineurs d’ExxonMobil et de Total revendiquent des hausses de salaire proportionnelles à l’inflation. Au vu des 18,8 milliards de dollars de bénéfices de Total au premier semestre 2022, la hausse de salaire paraît évidente. Qui a produit ces richesses ? Qui ouvre les vannes ? Qui contrôle l’état du matériel ? Qui transforme le pétrole brut ? Ce sont les raffineurs ! Les 18,8 milliards, ils appartiennent aux raffineurs. 

Les cheminots ne font pas grève contre les usagers du train quand ils se battent pour le service public du rail. Les raffineurs ne font pas grève contre les automobilistes quand ils se battent pour améliorer leurs conditions de travail. Les raffineurs ne sont ni des preneurs d’otage ni des bloqueurs, mais des exemples. Ils ouvrent la voie. C’est exactement comme eux, que partout en France, les salariés feront reculer le patronat avec des grèves. Les promenades dominicales ne suffiront pas.

Si nous faisons société, si nous nous organisons collectivement, c’est pour que la loi du plus fort ne l’emporte plus. Si nous avons un gouvernement, c’est pour qu’il défende l’intérêt général. Je propose deux prises de décision immédiates allant dans ce sens : réquisitionner les dividendes versés aux actionnaires en 2022 pour augmenter les salaires et faire baisser le prix de l’essence. Nationaliser Total face à l’incompétence de sa direction, incapable d’écouter les salariés et d’assurer la distribution d’essence. 

Le gouvernement d’Élisabeth Borne emprunte une voie fondamentalement opposée. La CGT bloque le pays ? Vraiment ? Je réponds à la devinette introductive en disant l’inverse : les responsables du blocage sont le gouvernement et les directions de Total et ExxonMobil.


Édition hebdomadaire

Mêmes rubriques