Macron déploie sa garde rapprochée au gouvernement

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Macron déploie sa garde rapprochée au gouvernement


Les départs de trois ministres pour raisons électorales, a donné lieu à un remaniement “technique” pour le moins surprenant. Sur les trois nouveaux venus, deux sont directement issus de l’entourage direct du Président de la République.

Un remaniement pas si technique

Le départ de Nathalie Loiseau était attendu. Ça faisait un petit moment qu’on s’attendait à voir cette ministre issue de la haute fonction publique et de la droite prendre la tête de liste de la République en Marche pour les élections européennes. Ministre en charge des affaires européennes, elle était régulièrement mise en avant pour porter la voix du gouvernement. Mise en avant qui a confiné au ridicule dans la drôle de mise en scène de son annonce de candidature face à Marine Le Pen.

Benjamin Griveaux, jusqu’à présent porte-parole du gouvernement, a lui quitté le gouvernement pour briguer la mairie de Paris. Un départ qui semble quelque peu précipité puisque le scrutin est dans une bonne année, proche du président et fidèle parmi les fidèles, il a de bonne chance de remporter l’investiture alors que les candidatures se multiplient pour représenter la majorité présidentielle dans la conquête de la capitale.

Mounir Mahjoubi était lui secrétaire d’état au numérique, après avoir occupé la présidence du conseil du numérique lors du précédent quinquennat. Son départ du gouvernement n’est pas franchement volontaire. Candidat lui aussi à la candidature LREM pour Paris, le départ de Benjamin Griveaux a mécaniquement entraîné le sien. Il s’était un petit avancé au début du mois de mars en envisageant son départ en juin, l’Elysée en a décidé autrement.

Un recroquevillement du Président sur ses fidèles

Du côté des entrants, le casting a de quoi étonner. Le précédent remaniement pour remplacer les départs Collomb et Hulot avaient été l’occasion de constater un resserrement de la majorité. Le premier avait été remplacé par le délégué général de la République en Marche, décapitant le parti fondé par Emmanuel Macron. Le second avait été remplacé par François de Rugy, président de l’Assemblée Nationale, entraînant un curieux jeu de chaise musicale, puisqu’il a été remplacé par Richard Ferrand, qui était président du groupe et qu’il a donc fallu remplacer à son tour.

Il était donc attendu des profils dits “politiques” et déjà connu du grand public pour casser cette image d’entre soi. Entre temps, le mouvement des “gilets jaunes” a sérieusement secoué l’exécutif et particulièrement le président accusé d’être déconnecté. C’est donc avec une certaine surprise que le casting a été accueilli. D’autant que les récents débauchages d’anciens écologistes pour aller sur la liste LREM aux européennes pouvaient laisser penser une certaine volonté d’élargir la majorité présidentielle en profitant de la dynamique ouverte par le grand débat.

L’approche des municipales pourraient conduire à d’autres départ de membre du gouvernement. Un certain nombre de grande ville considérée comme prenable par la LREM n’ont pas leur tête d’affiche. Il peut également être jugé plus sûr d’entamer un mandat de maire pour six ans que de rester au gouvernement pour une durée aléatoire. D’autant qu’en 2020, l’échéance de 2022 paraîtra plus proche et la réélection du Président de la République incertaine quand on sait que ces deux prédécesseurs n’ont fait qu’un quinquennat.

Une députée issue de la droite et deux proches conseillers du président

Le choix de Amélie de Montchallin, députée de l’Essonne est celui qui détonne le moins. Formée aux États-Unis et issue de la droite, la députée s’était particulièrement fait remarqué pour s’être félicité d’avoir mis fin à l’impôt de solidarité sur la fortune, une des mesures les plus contestées du quinquennat. Economiste de formation, elle avait notamment participé à l’écriture du programme d’Alain Juppé en 2016. Elle devient donc secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Europe et des affaires étrangères.

Cédric O devient secrétaire d’état au numérique. Il était jusqu’à présent conseiller du président. Sa sœur était la suppléante de Mounir Mahjoubi et doit donc quitter l’assemblée nationale. Issu du courant libéral du PS il a travaillé avec Dominique Strauss-Kahn puis Pierre Moscovici qu’il avait rejoint au ministère de l’économie. Il fait partie du premier cercle du président dont il a soutenu l’ambition présidentielle dès 2017. Ce dernier indique d’ailleurs à l’AFP qu’il reste avant tout un serviteur d’Emmanuel Macron : « Cette nomination est une forme de continuité de l’action menée depuis 2017 puisque je suivais les dossiers du numérique à l’Elysée »

Autre membre du cercle des très proche, Sibeth Ndiaye, conseillère presse et communication du Président. Elle le suit depuis le ministère de l’économie où elle était déjà chargée des relations presses au début pour Arnaud Montebourg. Elle s’était notamment fait connaître pour un discours parfois rugueux auprès des médias dont elle contrôle soigneusement l’accès au chef d’état. Sa déclaration en juillet 2017 qu’elle “assumait parfaitement de mentir” pour défendre son patron a particulièrement été reprise à l’annonce de sa nomination comme porte-parole du gouvernement. Sa nouvelle fonction devrait faire d’elle une figure plus médiatique, reste à savoir s’il s’avéra davantage capable d’expliquer la pensée complexe de son patron face à la multiplication des mobilisations sociales.


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