Marwan Barghouti, le « Mandela palestinien »

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Marwan Barghouti, le « Mandela palestinien »

L’actualité extrêmement mouvante dans la région et la surenchère de violences relance plus que de mesure la nécessité de paix entre Israël et la Palestine, avec la reconnaissance de cette dernière et la garantie de la souveraineté politique de la Palestine. Le Hamas, autorité terroriste fanatique religieuse, constitue une réelle menace. Émerge alors l’enjeu de la libération de prisonniers politiques palestiniens, dont de Marwan Barghouti, figure populaire et espoir de paix.

Un parcours militant

Marwan Barghouti est né le 6 juin 1959 en Cisjordanie. Il vit son premier engagement militant auprès du Fatah à 15 ans et il le poursuit sur les bancs de la fac, notamment dans un syndicat étudiant duquel il sera responsable durant trois ans.

Il devient rapidement un atout pour la lutte palestinienne. Meneur de la première Intifada (1987), qui représente un mouvement de contestation populaire de l’occupation, il sera exilé en Jordanie, ce qui ne l’empêchera pas de rester actif. Il rejoint pendant cette période l’OLP (Organisation de la Libération de la Palestine) de Tunis et sera élu en 1989 au Conseil Révolutionnaire du Fatah. Son élection au conseil législatif palestinien en 1996, en tant que député de Ramallah, lui octroi une place de choix dans le paysage politique puisqu’il est à l’initiative de rencontres et de dialogues entre Israël et la Palestine par le biais du Knesset (parlement israélien).

De plus, ses initiatives parlementaires trouvent échos auprès de la population, et notamment de mouvements féministes, grâce à ses positionnements progressistes (lutte contre la corruption, pour les droits des femmes et des hommes …). Suite au non-respect des accords d’Oslo, il sera de nouveau leader de la Seconde Intifada.

L’épine dans le pied d’Israël

Après une tentative d’assassinat ratée, Israël le capture et le condamne sans preuve en 2002 pour : meurtre, complicité de meurtre et appartenance au mouvement terroriste des Brigades des Martyrs d’Al-Aqsa. Cette fois-ci, le dirigeant politique n’est pas assassiné comme d’autres avant lui, mais il sera l’objet d’un procès largement médiatisé par Israël. En effet, ce procès représente une réelle opportunité de détruire à l’international l’image de la résistance palestinienne, en démontrant que les intifadas ne sont rien d’autre que du terrorisme.

Mais de son côté, Barghouti se sert à son tour de ce procès pour discréditer un tribunal militaire bafouant les traités, mais également pour porter une voix politique en faveur de la paix : « Je voudrais présenter un acte d’accusation, un long acte d’accusation de 50 paragraphes, pour le sang versé par les deux peuples » (Le Monde du 14 août 2002).

Ainsi, du fait de sa popularité et de sa position politique, le dirigeant palestinien représente une gène pour le régime colonial israélien. Malgré tout, son emprisonnement fait débat auprès de la politique israélienne et plusieurs élus ont même proposé sa libération par grâce présidentielle. Mais ces promesses n’aboutissent pas.

Au-delà de l’homme, un symbole vivant de la résistance

Barghouti reste politiquement actif ces dernières années, notamment à travers des grèves de la faim d’ampleur pour dénoncer des conditions de détention déplorables. De plus, il dénonce la corruption et l’impasse du Fatah (pas d’élections depuis longtemps) ce qui le poussera à tenter de créer un nouveau parti en 2005 puis aux élections de 2021.

Au de-là de demander la libération de prisonniers palestiniens retenus illégalement et dans des conditions alarmantes dans les geôles israéliennes, la libération des prisonniers politiques et particulièrement de Marwan Barghouti sont des conditions sine qua non pour l’affirmation de la souveraineté politique de la Palestine.

Face à l’actualité marquée par une escalade de la violence et une instabilité préoccupante dans la région, la libération de Barghouti est souhaitable pour construire la solution de paix à deux États basés sur les frontières de 1967, impliquant le départ des colons des territoires occupés et la fin du blocus de Gaza. Cette figure politique largement popularisée est une alternative souhaitable face au terrorisme du Hamas qui représente un danger pour l’autodétermination du peuple palestinien et entrave toute solution de paix.

Barghouti déclarait ceci : « Le manque de sécurité des Israéliens vient du manque de liberté des Palestiniens. Israël n’aura la sécurité qu’après la fin de l’occupation, pas avant. Une fois qu’Israël et le reste du monde auront compris cette vérité fondamentale, la route sera tracée clairement : mettre un terme à l’occupation, permettre aux Palestiniens de vivre en liberté et laisser les voisins indépendants et égaux d’Israël et de Palestine négocier un futur pacifique en tissant des liens étroits, tant économiques que culturels » (Washington Post du 16 janvier 2002).


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