Palestine : Trump pratique le chantage à la soumission

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Palestine : Trump pratique le chantage à la soumission

Le 24 août dernier, le Département d’État états-unien a annoncé sa décision d’annuler 200 millions de dollars d’aide à destination de la Cisjordanie et de la bande de Gaza.

Dans une déclaration lue par un haut-fonctionnaire, l’administration a annoncé : “avoir mis en œuvre une révision de l’aide des Etats-Unis à l’Autorité palestinienne et en Cisjordanie et Gaza, pour nous assurer que ces fonds soient dépensés en accord avec les intérêts nationaux américains et apportent une utilité au contribuable américain”.

Ces fonds doivent désormais être redirigés vers des “projets de haute priorité autre part”. Il est toutefois peu clair où se situeront ces projets, le représentant de l’administration se contentant de répondre à la question d’un journaliste sur ce sujet :

“Nous travaillerons avec le Congrès pour rediriger ces fonds vers d’autres priorités politiques”

Cette coupe brutale n’est pas un fait isolé mais s’inscrit dans la réorientation de la politique états-unienne au Proche-Orient, opérée depuis l’arrivée au pouvoir de Donald Trump. Si les administrations successives ont toujours soutenu Israël, l’actuel président va plus loin dans son appui sans faille à l’extrême-droit qui gouverne à Tel Aviv.

Le transfert de l’ambassade des États-Unis à Jérusalem, le blocage de la moitié des fonds alloués par ce pays à l’UNRWA (Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient), le retrait du Conseil des droits de l’Homme de l’ONU – au nom de son prétendu “biais anti-israélien”, en ont été les exemples les plus saillants ces derniers mois, avec des conséquences terribles pour les Palestiniens.

Le “plan de paix” actuellement préparé par le gendre et conseiller pour le Proche-Orient de Donald Trump, Jared Kushner, devrait être un autre pas en ce sens, l’une de ses premières propositions étant la demande de cesser de considérer plus de deux millions de Palestiniens comme des réfugiés, dans le but d’empêcher le droit au retour revendiqué depuis 1948 et reconnu par le droit international.

Pour appuyer ce chantage, les États-Unis devraient prochainement annoncer la fin de toutes leurs contributions à l’UNRWA, dans le but de pousser l’institution – qui est un soutien indispensable à des millions de réfugiés palestiniens – à la faillite. Dans un discours devant la Fondation pour la défense des démocraties, un think-tank pro-israélien de Washington, l’ambassadrice des Etats-Unis à l’ONU, Nikki Haley, a ainsi déclaré :

“Nous serons donateurs si [l’UNRWA] réforme ce qu’elle fait (…) S’ils changent réellement le nombre de réfugiés pour un chiffre exact, nous évaluerons de nouveau le fait d’avoir un partenariat avec eux […] les Palestiniens continuent de taper sur l’Amérique [mais] tendent la main pour demander l’argent de l’UNRWA.”

“Chantage” est en effet le mot adéquat, employé par Hanane Acharaoui, membre du conseil exécutif de l’OLP, pour qui Washington “recourt à un chantage minable comme outil politique. Le peuple palestinien ne se laissera pas intimider et ne cédera pas à la contrainte. Les droits du peuple palestinien ne sont pas à vendre”.

“Il n’y aucune gloire à constamment intimider et punir un peuple sous occupation. L’administration américaine a déjà manifesté sa bassesse dans sa collusion avec l’occupation israélienne et ses vols de terres et de ressources. Maintenant, elle exerce des pressions en punissant les victimes palestiniennes de cette occupation”.

Face au soutien sans réserve des États-Unis au processus d’occupation et de colonisation par Israël de la Palestine, les gouvernements du monde ne peuvent prendre la responsabilité de laisser la situation se détériorer encore davantage. Suite à la décision états-unienne concernant l’UNRWA, Emmanuel Macron avait assuré qu’il soutiendrait une hausse des contributions de la communauté internationale à l’agence. Devant le péril inédit que court la possibilité même d’un État palestinien viable et souverain, l’heure est à des décisions bien plus audacieuses.


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