Plan étudiant, la sélection en conseil des ministres

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Plan étudiant, la sélection en conseil des ministres

Aujourd’hui, le “plan étudiant” était présenté devant le conseil des ministres. A cette occasion plusieurs syndicats de lycéens et étudiants, ainsi que des organisations de jeunes ont appelé à se mobiliser sur les lieux d’études. Retour sur les principales mesures de ce plan avec les principaux intéressés.

La sélection légalisée

Le gouvernement actuel, entend poursuivre les mesures austéritaires de ses prédécesseurs et continuer le sous-financement de l’enseignement supérieur. Face à l’absurdité du tirage au sort observé dans certaines filières financièrement incapables d’accueillir tous les postulants, il répond par l’autorisation de la sélection.

Le premier ministre et la ministre de l’enseignement supérieur se gardent bien d’employer ce terme. Derrière les “attendus” et “les parcours pédagogiques” il s’agit bien pourtant de sélection. Alors que le tirage au sort possédait, par son absurdité, un caractère repoussoir qui limitait le nombre de filières concernées, on imagine déjà trop bien, les facs financièrement asphyxiées généraliser le nouveau dispositif.

Pour les lycéens c’est un véritable couperet qui s’abat. Le changement des règles du jeu au milieu de leur scolarité risque d’en condamner plus d’un. Que peut faire un terminal aujourd’hui s’il apprend demain que la filière de son choix met dans ses “attendus” le suivi d’une matière qu’il n’a pas choisie ?

Marie, en terminale cette année explique :

“On est complètement perdu. On nous a dit que ce ne serait plus APB, et on nous a laissé là. Les attendus ajoutent encore à la confusion, puisqu’on ne les connaît pas. On est nombreux à viser des filières qui sont en tension et là on est complètement perdu.”

Yann, élève de terminale S raconte :

“Les gens de ma classe ne sont pas au courant. On nous a juste dit qu’il y aurait un nouveau site. Ils s’en rendront compte une fois qu’ils n’auront pas leur affectation.”

La place des professeurs en question

L’autre volet de ce dispositif est la place accordée à l’orientation dans les lycées. Ici aussi l’heure est aux restrictions budgétaires. Les conseillers d’orientation psychologues manquent cruellement à l’appel, avec souvent une demi-journée de présence hebdomadaire pour plus de 1000 élèves. Les centres d’information et d’orientation, ferment les uns après les autres, suite aux désengagements budgétaires des collectivités.

Le gouvernement ne propose pas de réinvestir. Il propose le doublement des professeurs principaux en classe de terminale. Cette mesure doit permettre un meilleur suivi des élèves. Cependant les professeurs, sont loin d’être formés à l’orientation. Ils ont souvent des bonnes connaissances des filières du supérieur, mais n’ont pas nécessairement une vision d’ensemble. De plus ils ne sont pas psychologues, ce qui est une composante essentielle de la formation des conseillers d’orientation.

Pire, pour l’année actuelle, il faut trouver des volontaires en catastrophe, alors que plusieurs mois ce sont déjà écoulés et que la nouvelle procédure n’est pas encore actée. Cette incertitude est également ressentie par Marie, qui dénonce :

“On nous dit que ça va être comme ça, mais c’est même pas vraiment fait. On nous présente des choses en nous disant que le cadre n’est pas sur, que c’est pas certain. Finalement on nous dit de nous débrouiller.”

L’importance nouvelle donnée à l’avis du conseil de classe sur les voeux d’orientation pose également question. Dans ce conseil, les élèves sont sous-représentés et de toutes façons les délégués sont en situation d’infériorité vis à vis de leurs professeurs. Pour Marie, il existe de grands risques que des élèves “pris en grippe par certains profs” se voient confisquer le choix de leur orientation. Pour elle il est certain qu’un tel avis ne sera “absolument pas objectif”. Yann la rejoint là dessus et estime :

“Les profs ne devraient pas avoir à donner leur avis sur notre orientation. On devrait avoir un meilleur encadrement notamment de la part des conseillers d’orientation psychologues.”


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