Procès du Quai de Valmy : l’exemple avant la justice

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Procès du Quai de Valmy : l’exemple avant la justice

Le verdict rendu hier a prononcé de lourdes peines pour les septs inculpés du procès dit du Quai de Valmy. Ce procès vient continuer la criminalisation du militantisme et la perméabilité de la justice aux pressions politiques.

Un procès sous pressions politiques

Les images de la voiture de police incendiée, et de l’agression du conducteur alors qu’il sortait de son véhicule en feu avait fait le tour du monde. Impressionnantes et choquantes, elles avaient donné lieu à des réactions politiques très fortes qui emportaient déjà quasiment condamnation.

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Cependant, ce ne sont pas les images et les ressentis que le tribunal devait examiner mais bien des faits. De la tentative d’homicide, initialement invoquée, il ne reste à rien malgré la colère des syndicats de policiers.

Les neuf prévenus étaient tous poursuivis pour “participation à un groupement formé en vue de la préparation de violences ou dégradation” et certains d’entre eux étaient également poursuivis pour “violence aggravée sur un policier en réunion”.

Deux seront finalement relaxés, dont un après avoir passé 42 jours en détention provisoire pour rien, si ce n’est son engagement militant. Le deuxième relaxé sera lui condamné à une amende pour avoir refusé le prélèvement de son ADN. Plusieurs autres prévenus avaient reconnu les faits qui leur étaient reprochés.

Condamné pour militantisme

Pour l’un des septs condamnés, la sentence apparaît d’autant plus lourde qu’il a toujours clamé son innocence et que les preuves semblaient bien légères. Des preuves, il n’y en avait pas, un faisceau d’indice et le témoignage anonyme d’un policier ont suffi à convaincre le président.

Ce dernier s’est par ailleurs aventuré à une comparaison lamentable :

“[…] vous avez agressé des policiers uniquement parce qu’ils sont policiers, comme d’autres agressent des noirs parce qu’ils sont noirs.”

Cette déclaration fait écho à la dénonciation de la “haine anti-flic” par des syndicats de police flirtant avec l’extrême droite. Écho d’autant plus curieux que l’attaque de la voiture de police avait fait suite à une contre-manifestation répondant à un appel de syndicats de policiers à se rassembler contre “la haine anti-flic”.

Le tribunal poussera l’absurde jusqu’à reprocher, à celui qui est condamné à 5 ans de prison dont 3 ferme, son absence de regret pour des faits qu’il nie. Il semble que ce dernier, ait payé pour son militantisme et le symbole qu’il était devenu autant aux yeux de ses soutiens que de ces détracteurs.

Une réaction faible à un verdict dur

Le rassemblement de soutien devant la salle est rapidement évacué une fois l’audience levée par un dispositif hors normes de sécurité.

Une conférence de presse organisée dans l’après-midi sera l’occasion pour les parents de dénoncer le jugement. Ils dénoncent le doute qui aurait dû profiter à l’accusé, les pressions politiques qui se sont exercées avant même le début de l’enquête. Ils reprochent à la justice d’avoir fait payer à leur fils son engagement militant.

Plus généralement le caractère politique du procès est vivement dénoncé. Pourtant le soir au rassemblement improvisé à Ménilmontant, la seule expression est un tract A5 qui revendique davantage le recours à la violence face à la violence de la police plutôt que de pointer les failles du procès.

Ce verdict est en passe de devenir un marqueur dans les cercles militants. Tant par la force du verdict que par la symbolique qu’elle renvoie. Nous vivons sûrement une période où le pouvoir se porte très bien et ou l’autoritarisme d’une classe dirigeante semble pouvoir s’exprimer dans de nombreuses sphères de la société.

Le début de mandat d’Emmanuel Macron ne prédit rien de rassurant tant sur la poursuite des politiques de casse des droits collectifs que dans les atteintes aux libertés individuelles comme l’illustre la “loi antiterroriste”. A l’image de mois de septembre et octobre déjà marqués par des mobilisations, il est probable que de nombreux jeunes se retrouvent de nouveau dans la rue. La question reste maintenant de savoir dans quelles conditions ? Et à quel prix ? A suivre….


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