Quelle suite des mobilisations des jeunes pour le climat ?

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Quelle suite des mobilisations des jeunes pour le climat ?

Entre grève scolaire, manifestations et votent écolo, les plus jeunes veulent lutter contre le réchauffement climatique. Entre radicalité et bons sentiments, les débouchés peinent à se dégager.

Une mobilisation inédite contre le réchauffement climatique

Depuis plusieurs mois, une mobilisation en faveur d’une réelle politique de lutte contre le réchauffement climatique s’est mise en place. Aux traditionnels acteurs, telles, les ONG, s’ajoutent des mouvement plus ou moins qualifiables de spontanées. Les marches pour le climat ont ainsi réuni plusieurs dizaines de milliers de manifestants depuis l’annonce par Nicolas Hulot de sa démission du gouvernement.

Les gilets jaunes ont davantage marqué l’actualité encore en obtenant la suppression de la taxe carbone, mesure directement posée en réponse aux manifestants pour le climat. Cette apparente contradiction entre les deux mobilisations a pourtant été rapidement résolue par des appels à une transition écologiques qui soit sociale avec des marches communes entre gilets jaunes et citoyens mobilisés pour le climat. En décembre, la pétition d’appui à une initiative de poursuite judiciaire de l’Etat pour inaction climatique, “l’Affaire du siècle” a réuni plus de 2 millions de signatures.

Parallèlement, un mouvement international de grève scolaire s’est lancé, notamment initiée par une jeune suédoise Greta Thunberg. Cette dernière manifeste tous les vendredis devant le Parlement suédois pour exiger une réelle politique de lutte contre le réchauffement climatique. Une initiative qui lui a valu d’être invitée à prendre la parole à la COP 24 en Pologne où elle a lancé un appel à une grève scolaire mondiale pour le climat le 15 mars. Ce jour là 1,8 millions de jeunes, dont 168 000 en France, ont défilé dans plus d’une centaine de pays pour appeler à une prise de conscience politique.

Un second appel le 24 mai, à la veille des élections européennes, a moins rassemblé. Les examens approchant ou étant en cours pour beaucoup d’étudiants et le bac arrivant pour les lycéens. Plusieurs milliers de jeunes sont tout de même descendus dans la rue avec toujours les mêmes aspirations. Le dimanche suivant, le parti Europe Ecologie les Verts était seul en-tête des votes des 18-34 ans regroupant plus d’un quart des voix dans cette tranche d’âge. Une tendance qui se retrouve également dans d’autres pays européens sans pouvoir pour autant être généralisée à l’ensemble des états membre.

Les jeunes aux avant-postes

Que ce soit dans les urnes ou dans la rue, les jeunes mobilisés sur le climat ne sont pas issues des catégories les plus populaires. Généralement très diplômé, bac +3 et au-delà, ils sont également plus souvent issus des catégories socioprofessionnelles les plus élevées. Ils ne sont pas pour autant les plus riches, ainsi EELV réalise de très bons scores chez les électeurs percevant moins de 1200 € par mois. Un résultat logique, dû à la jeunesse de leur électorat, très souvent inactif car lycéen ou étudiant. Ces jeunes s’auto-définissent généralement de “gauche” ce qui vient rompre avec les discours pro-environnementaux de Emmanuel Macron, mais aussi le “ni droite, ni gauche” de Yannick Jadot.

Zélie, en Terminale L à Avignon note que dans son lycée, les élèves des filières technologiques ne se sont pas mobilisés et que dans les cortèges, ce sont principalement les élèves issues des familles les plus aisées qui sont présents. Elle note également le jeune âge des manifestants avec assez peu d’étudiants et à l’inverse une présence de collégiens loin d’être anecdotique. Fanny explique que dans son lycée la mobilisation sur le climat a suivi celles contre les réformes de l’éducation et concernée donc des lycéens déjà habitué à se mobiliser. Morgane en Terminale STL à Angers constate que dans son lycée polyvalent seul une trentaine d’élève sur 900 se sont mobilisés principalement des les filières technologiques, elle regrette par ailleur la baisse de mobilisation entre le 15 mars et le 24 mai.

Un mouvement qui peine à trouver un débouché

Au-delà de l’humour et l’inventivité déployés sur les pancartes, les jeunes mobilisés ont également marqué par la radicalité de leurs revendications. Fanny, lycéenne à Toulouse, déclare ainsi :

“Je pense que la revendication pour moi la plus importante est sans doute la nécessité du changement de mode de production actuel. Effectivement sans changement dans notre manière de produire, et plus globalement dans notre modèle économique, l’écologie et le combat écologique ne pourront jamais aboutir.”

Côté revendications Zélie cite spontanément l’isolation thermique des logements et constate que le discours des lycéens mobilisés si on peut y trouver des tonalités “anticapitaliste” n’est souvent pas très politisé. Mobilisée, pour “faire pression”, elle regrette que la mairie d’Avignon n’ait pas su entendre les revendications des lycéens. Morgane dénonce également l’aspect naïf des initiatives reposant sur des actions individuelles, tel le fait de se prendre en photo quotidiennement ramassant un déchet au sol. Elle préférerait que le mouvement mette davantage en avant des solutions collectives notamment contre la surproduction. C’est probablement ici que se trouve la principale faiblesse du mouvement, l’absence de revendication phare complique fortement la possibilité que celui-ci trouve un débouché politique et semble le condamner à un rôle de figuration.

En attendant, les collectifs Youth for Climate appellent à une mobilisation le 21 juin prochain à Aix-la-Chapelle en Allemagne.


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