Rohingyas, le pape, une #LoveArmyForRohingyas et un génocide

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Rohingyas, le pape, une #LoveArmyForRohingyas et un génocide

La situation en Birmanie ne s’améliore pas. Malgré la mobilisation de personnalités françaises et une visite du pape, la communauté internationale semble incapable de se mettre d’accord pour faire pression sur la junte birmane.

La tragédie des rohingyas

Considérés comme des étrangers par la majorité de la population birmane, qui les appelle les Bengalis (en référence au pays frontalier Bengladesh), les rohingyas subissent depuis des années les exactions de l’armée. Le clergé bouddhiste n’est pas en reste avec de réguliers appels à la haine contre cette minorité musulmane.

Depuis le mois d’août, les exactions se sont multipliées et font l’objet d’une stratégie délibérée d’élimination des rohingyas du territoire birman. Un groupe armé rohingyas a attaqué une vingtaine de postes de polices déclenchant une vague de répression sans précédent.

L’ONU parle depuis d’opération de nettoyage ethnique, le terme génocide est de plus en plus utilisé. Depuis les années 80 une loi a rendu les rohingyas apatrides, le pouvoir birman estimant qu’il s’agit d’immigrés venus du Bengladesh voisin. La timide transition démocratique entamée, n’a pas pour autant amélioré le sort des rohingyas, la majorité bouddhiste du pays refusant de les reconnaître comme leurs compatriotes.

Une situation bloquée

Depuis  le 23 novembre dernier, un accord entre le Benglasdesh où sont réfugiés plusieurs centaines de milliers de rohingyas et la Birmanie est intervenu pour relocaliser ces derniers. Toutefois, de sérieux doutes subsistent sur la situation sécuritaire d’un telle démarche. L’armée birmane bénéficie toujours d’un quart des députés du parlement, ainsi que des ministères de la défense, de l’intérieur et celui des frontières.

Cette dernière, tout en jouant officiellement le jeu de la transition, est en réalité seule à décider sur les zones de conflits. Aung Saan Suu Kyi, première ministre et prix nobel de la paix, est incapable de prendre une part active dans la résolution du conflit. Elle se trouve dans la situation que seuls ses parrains internationaux la pousse à agir, alors que l’armée et la majorité de la population n’en ont cure.

Après avoir été longtemps délaissés, la situation n’étant dénoncée en France que par quelques rappeurs, les rohingyas sont aujourd’hui au centre de l’attention de la communauté internationale.

Des initiatives pour sortir de l’impasse

Après une tentative franco-britannique de résolution au conseil de sécurité de l’ONU avortée par un veto chinois, le secrétaire d’etat américain s’est rendu sur place, tout comme son homologue français Jean-Yves Le Drian. Cette semaine c’est une visite du pape qui a jeté un nouveau coup de projecteur sur les massacres en cours. Ce dernier s’est pourtant bien gardé de prononcer le mot rohingyas honni par les autorités birmanes. Il a cependant tenu un discours engagé dans le sens d’un acceptation de la minorité.

Dans une démarche différente, un collectif de personnalités françaises s’est rendu au Bengladesh voisin dans les camps de réfugiés, emmené par Jérôme Jarre qui s’est notamment fait un nom sur Vine, la plateforme vidéo de Twitter. Parmi eux, Omar Sy et DJ Snake ont pris la parole sur les réseaux sociaux pour appeler à un sursaut de l’opinion et une action plus forte des pouvoirs publics sous le hashtage #LoveArmyForRohingyas.

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Pas certains que ces initiatives fassent évoluer positivement la situation. La Birmanie est un allié stratégique pour nombre de puissances impérialistes à commencer par la Chine. Ces dernières préfèrent nouer de juteux contrats commerciaux notamment en terme d’armement que de se préoccuper du sort d’une minorité.


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