Quand le sexisme plane sur Matignon

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Quand le sexisme plane sur  Matignon

Des articles sur le sujet, il y en a déjà. Vous vous doutez bien qu’Edouard Philippe, devenu premier ministre, a été passé au rayon X par toutes les rédactions du pays, que sa vie a été épluchée, scrutée point par point, etc.

Mais quelques lignes méritent d’être écrites sur le sujet. Nous parlons beaucoup et à raison de la politique économique et sociale que va mener ce premier Ministre. Vous savez, celui qui dit « Il faut travailler plus dans la journée, dans la semaine et dans la vie ».  Nous serons de tous les combats pour le mettre en échec et nous savons que cela va être rude, très rude, mais que nous serons là.

Un sexisme diffus

Depuis quelques heures, et avec trop peu de médiatisation, nous découvrons aussi une autre facette du futur fossoyeur de nos droits. Un sexisme diffus, sous plusieurs formes qui laissent planer de fortes inquiétudes sur les droits des femmes et au sujet de la place des femmes en politique.

Certaines réactions de gens, issus du même milieu que notre Tandem à la tête de l’Etat, sont d’ailleurs révélatrices de l’ambiance imprégnée de domination masculine et de sexisme dans laquelle ces milieux baignent, à l’image de Samir Hammal, enseignant à Sciences Po qui témoigne sur TF1 « Avec l’entrée du maire du Havre à Matignon, on assiste bien à un “renouvellement de génération”, à “un changement de mœurs”. “Avec sa barbe, Edouard Philippe se détache de son image de technocrate, énarque et froid, il devient plus humain, plus accessible”.

“Il correspond parfaitement à l’image marquetée du cadre supérieur dynamique qui assume sa virilité. En ce sens, il est très symptomatique de son époque”.

Et puis il y a ce livre…

L’art, les personnages de fictions qu’il crée, les contextes qu’il met en place, doit être entièrement libre et se permettre énormément de chose. De nombreux débat existent sur ce sujet mais nous avons toujours tranché en ce sens.

Il est important pour juger ce que représente ce livre et cet œuvre de la mettre en lien avec des faits.

Edouard Philippe en écrivant ce livre « n’invente pas »  un monde politique de fiction dans lequel des jeunes collaboratrices ou attachées de presse seraient en permanence vues comme des « trophées » ou des objets de désir, comme quand il écrit:

« Tout le monde se demandait quel serait le premier député à pouvoir faire état de ce trophée».

Edouard Philippe connaît ce monde, ce monde qu’ont dépeint de nombreuses femmes victimes, ce monde où a eu lieu « l’affaire Baupin ».

Edouard Philippe, dans un roman certes, met en cause l’égalité entre les femmes et les hommes en écrivant :

“Elle m’avait fait le coup que je faisais en général, écrit-il. Elle m’avait fait un coup de mec, enfin ce que je considérai comme un coup de mec, car enfin les femmes ne sont pas comme ça. Elles ne peuvent pas avoir envie de vous utiliser simplement pour la nuit. Si elles font comme nous, on ne s’en sortira jamais.”

Mais dans la vraie vie, à l’assemblée, il a voté contre la loi du 4 août 2014 pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes.

Edouard Philippe, dans un roman certes, révèle une certaine conception de la famille et de la femme en écrivant :

“Elle avait en elle cette imperceptible sécheresse des femmes qui ne seraient jamais mères, ce qui en faisait, assurément, une redoutable politique : un cœur d’homme dans un corps de femme.” 

Mais dans la vraie vie, à l’assemblée, il s’est abstenu sur la loi ouvrant le mariage et l’adoption aux couples homosexuels en 2013.

Edouard Philippe, dans un roman certes, dépeint les femmes en les sexualisant en permanence et en les assimilant à des objets de désirs sexuels.

Mais dans la vraie vie, à l’assemblée, il a voté contre la proposition de loi renforçant la lutte contre la prostitution.

Alors oui la fiction existe, et l’art peut être manié de beaucoup de façons. Mais quand un rappeur tient, dans un morceau, des propos sexistes, il ne se prononce pas ensuite en votant pour ou contre des lois qui vont dans le sens de ces remarques. Edouard Philippe, si. Booba n’est pas le chef du gouvernement, Edouard Philippe, si.


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