Mettre fin aux violences policières, une nécessité

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Mettre fin aux violences policières, une nécessité

Cet article reflète le point de vue de son auteur et non celui de la rédaction d’Avant-Garde

Dimanche 27 mars à Paris, Shaoyo Liu, un ressortissant chinois âgé de 54 est abattu par la BAC à son domicile, devant sa femme et ses cinq enfants. Ce meurtre n’est pas une bavure, ni un fait divers. Shaoyo Liu vient s’ajouter aux dizaines de noms de ceux assassinés par la police française : Adama Traoré, Zyed et Bouna, Babacar Gueye, Lamine Dieng, Ali Ziri, Amine Bentounsi, Lahoucine Ait Omghar, Makome M’Bowolé, Malik Oussekine. Et des dizaines d’autres noms que les médias ne relaient pas. Depuis des décennies, nos frères meurent sous les coups, sous les balles de la police.

Un profil de victime

Ces crimes policiers ne frappent pas au hasard. Clairement, ce sont les personnes issues de l’immigration et des quartiers populaires qui subissent les violences policières. Noires et arabes pour la plupart, elles sont victimes à travers la police du racisme d’Etat mis en place par les gouvernements successifs, qu’ils soient de droite ou socialistes. Nous devons réaffirmer qu’il s’agit bien, pour le cas présent comme pour tous les autres, de crimes racistes. Crimes racistes qui sont le fruit d’une police au sein de laquelle les discours islamophobes, négrophobes, rromophobes, etc., sont devenus une banalité. Une police qui devient désormais une institution qui s’autoalimente dans les pires logiques, vote massivement FN et se permet de manifester cagoulée pour revendiquer le droit de tuer.

Une situation qui existe depuis longtemps

Dans les quartiers populaires, cette réalité n’est pas nouvelle. La violence policière est présente depuis plusieurs décennies, et prend des formes diverses. Elle commence par le tutoiement et le manque de respects. Elle s’entretient dans la stigmatisation et la violence du contrôle au faciès, et dans la hoggra quotidienne (mot arabe signifiant l’humiliation et mépris). Elle continue dans les violences physiques, matraquages, gazages, gardes à vue pour tous les prétextes. Elle va jusqu’au viol comme l’a montré l’actualité récente avec le cas de Théo Luhaka. Elle se termine par le meurtre. Les médias tentent de retourner le problème. Nous affirmons que c’est la police qui est violente, que c’est la police qui est coupable, et que ce sont certaines parties du peuple en particulier qui subissent cette violence. Comme le dit le slogan : « Nous ne sommes pas dangereux, nous sommes en danger ! »

Justifier l’injustifiable…

Tous les prétextes possibles et imaginables, jusqu’aux plus improbable, sont utilisé par l’institution policière pour justifier ses crimes. Pour Shaoyo Liu, une paire de ciseaux est « l’arme du crime ». C’était déjà le cas pour l’assassinat de Lahoucine Ait Omghar à Montigny-en-Gohelle en 2013. Peu importe les fausses raisons invoquées. Quand on voit le nombre de victimes, il ne peut plus s’agir d’accidents, ou de légitime défense. Surtout quand les députés viennent en février dernier de voter une nouvelle loi qui élargit les pouvoirs de la police et instaure un « principe de légitime défense ». En clair : « Tirez, on vous couvre ! »

Disons-le clairement : dans notre pays, les noirs et les arabes sont victimes de la police. Les rroms également : on les ghettoïse, les fait vivre dans des conditions insoutenables, et on finit par les matraquer quand ils protestent et se défendent. Les musulmans de même, surtout depuis que les socialistes ont instauré un Etat d’urgence qui en plus de nous priver de libertés fondamentales (avec un nombre incroyable de perquisitions violentes, injustifiées et inutiles) a accentué leur stigmatisation et renforcé la propagande islamophobe. Face aux crimes racistes, rappelons-le : nous sommes tous noirs, arabes, rroms et musulmans ! A présent il faut rajouter asiatiques. Oui, les asiatiques subissent également quotidiennement la violence d’une société française raciste dans ses institutions, ses rouages.

Mettre fin à cette situation

Cette situation ne peut plus durer, au risque de connaître à nouveau la situation de 2005. Et comment ne pas les comprendre ? Comment ne pas voir cette colère qui monte quand les agents de la BAC débarquent et viennent jouer les cow-boys dans les quartiers ? On brutalise une jeunesse à laquelle on ne donne comme perspective que le banditisme, la toxicomanie ou l’intégrisme religieux, parce que notre pays n’arrive pas à combattre la misère, le chômage et les discriminations. Nos gouvernant n’ont jamais rompu avec leur passé et entretiennent toujours une domination coloniale dans les quartiers populaires.

Notre discours n’est pas abstrait ou juste idéologique. Nous avons des revendications concrètes. D’abord, que justice soit faite pour toutes les victimes, ce qui implique de rouvrir les procès quand les assassins ont été innocentés ou condamnés à des peines minimes. Ensuite, la fin immédiate de l’Etat d’urgence. Egalement, la dissolution de la BAC et des BST, qui sont des brigades héritées de l’ordre colonial. Enfin, la démilitarisation de la police. Aujourd’hui, ceux qui sont censés effectuer des opérations courantes sont équipés d’armes de guerre. Deséquipement qui passe aussi par l’interdiction du flash-ball qui a déjà fait perdre un œil a beaucoup trop de jeunes.

La colère gronde, elle monte et s’organise. Ne l’oubliez jamais : tant qu’il n’y aura pas de justice, il n’y aura pas de paix !


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