Rentrée sociale : une réussite ?

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Rentrée sociale : une réussite ?

La rentrée sociale a clarifié les stratégies syndicales et politiques. Trois journées de grève et de manifestations ont marqué le retour d’un mouvement social structuré, capable d’imposer ses thèmes face à un gouvernement fragilisé.

Une rentrée placée sous le signe de la clarification stratégique

Préparée pendant l’été, la rentrée sociale a été un moment de débat sur les stratégies de mobilisation. Débutée le 10 septembre, à l’appel du collectif Bloquons tout, elle devait marquer une reprise forte de la contestation. Si les attentes étaient élevées, les organisateurs voulaient une journée « spontanée », s’inspirant de l’imaginaire des Gilets jaunes.

Rapidement, les critiques se sont tournées vers les organisations syndicales, jugées responsables de l’échec des mouvements sociaux récents, au profit d’initiatives plus spontanées. Certains médias, comme Frustration Magazine, ont relayé cette analyse.

Jean-Luc Mélenchon, fidèle à sa conception d’un mouvement populaire spontané, a engagé La France insoumise dans cette voie, en y ajoutant une rhétorique institutionnelle : le désormais classique « Macron démission ! ».

De leur côté, les syndicats ont privilégié une mobilisation ancrée dans les entreprises. Pour la CGT et l’intersyndicale, l’objectif politique était clair : lutter contre un budget austéritaire. Et la méthode choisie : la grève.
Le maintien de l’unité syndicale répondait à la difficulté persistante de mobiliser les salariés dans les entreprises. Deux stratégies donc, opposées mais momentanément cohabitantes.

Sans la mobilisation sociale, la situation politique aurait été bien différente.

Une dynamique sociale installée

À l’issue de la journée du 2 octobre, malgré quelques critiques sur la stratégie de l’intersyndicale, la rentrée sociale apparaît comme une réussite.
D’abord par sa précocité : dès le 2 septembre, la CGT-FNME lançait la grève. Le 10 septembre, 250 000 personnes participaient à la première journée de mobilisation nationale.

En comparaison, les rentrées de 2022, 2023 et 2024 avaient débuté plus tard, en octobre, avec des mobilisations moindres : 150 000, 200 000 et 90 000 manifestants respectivement.

La rentrée de septembre 2025, sur fond de blocage politique et de crise économique liée à la dette, s’est étendue sur trois journées nationales totalisant 1,85 million de manifestants, selon la CGT.

Trois journées de lutte, 1,85 million de manifestants : la rentrée sociale a trouvé son souffle.

Les syndicats revendiquent également des avancées concrètes, comme le recul gouvernemental sur la suppression de deux jours fériés.
Pour la centrale de Montreuil, la séquence sociale a directement pesé sur la crise politique ayant conduit au départ précipité de Lecornu.

Le 2 octobre et ses questionnements

La journée du 2 octobre a marqué un léger reflux par rapport au 18 septembre. Si la participation restait élevée, elle souligne la nécessité pour l’intersyndicale d’adapter sa stratégie.

Pour les syndicats de lutte comme la CGT, l’horizon demeure celui de la grève générale, mais les conditions ne sont pas encore réunies.
Dans les unions départementales, le mot d’ordre est désormais au renforcement local et au travail d’entreprise.

À l’image de l’Ille-et-Vilaine, où Mathieu Cocq, secrétaire de l’U.D CGT, déclarait le 2 octobre :

« Il faut regarder en face l’état réel du monde du travail. […] Notre tâche, c’est de favoriser la prise de conscience. […] Des grèves en intersyndicale émergent dans de nombreux secteurs, comme dans l’énergie hier au barrage de la Rance, ou encore dans la santé privée avec le CHP Saint-Grégoire le 30 octobre. Nous connaissons notre tâche : si nous la menons ensemble, dans l’unité, dans la durée, alors nous gagnerons. »

« Si nous la menons ensemble, dans l’unité, dans la durée, alors nous gagnerons. »


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