Trump et Netanyahou imposent leur paix

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Trump et Netanyahou imposent leur paix

Présenté à New York comme un “accord historique”, le plan de paix en 20 points dévoilé par Donald Trump et Benyamin Netanyahou organise moins la fin du conflit à Gaza que la mise sous contrôle du peuple palestinien. Derrière la promesse de paix, une tutelle étatsunienne sans légitimité internationale.

Beaucoup de conditions pour peu de garanties

Le déséquilibre des concessions est frappant : aucune garantie, mais une tutelle annoncée.

Le 29 septembre 2025, Donald Trump a présenté à New York, aux côtés de Benyamin Netanyahou, un “accord de paix en 20 points” censé mettre fin à la guerre à Gaza et ouvrir une voie vers un État palestinien. Israël et le Hamas sont parvenus dans la nuit de mercredi à jeudi à un accord concernant la première phase de ce plan.

Derrière les grands mots – “paix éternelle au Moyen-Orient”, “jour historique” – le plan organise en réalité la mise sous tutelle du peuple palestinien.

Le retrait de l’armée israélienne, d’abord suivant “une ligne convenue” puis total, ne suit aucun calendrier précis. La “force internationale de stabilisation”, sous commandement américain, échappe à tout contrôle de l’ONU et n’offre aucune garantie pour la population.

Si le plan prévoit la libération de 250 prisonniers condamnés à perpétuité et 1 700 détenus gazaouis, elle n’interviendrait qu’après la libération des otages israéliens. Rien ne garantit le respect de ces engagements, d’autant qu’aucun protocole n’a encore été défini. Plus de 11 000 prisonniers politiques palestiniens restent incarcérés en Israël.

Quant au Hamas, l’accord prévoit son désarmement contre une amnistie et la possibilité de quitter le territoire – une clause floue, qui fragilise davantage encore l’équilibre de l’accord.

En pratique, une mise sous tutelle

Gaza confiée à un “comité technocratique” présidé par… Donald Trump.

Pour l’après-guerre, le plan prévoit une administration de Gaza par “un comité technocratique et apolitique”, composé de “Palestiniens qualifiés” et présidé par Donald Trump lui-même. Circulent aussi les noms du milliardaire Marc Rowan et de l’ancien Premier ministre britannique Tony Blair, dont la fondation soutient le projet de “Trump Riviera”.

L’Autorité palestinienne est marginalisée, les partis politiques exclus. La Cisjordanie et Jérusalem-Est ne sont pas mentionnées, pas plus que le sort des colonies. Netanyahou persiste à refuser l’idée d’un État palestinien, malgré la “voie vers l’autodétermination” vaguement évoquée.

Partie intégrante d’un remodelage régional

La “paix” de Trump vise surtout à sécuriser les intérêts américains et israéliens.

Avec ce plan, Washington entend rassurer ses alliés du Golfe. Début septembre, après la frappe israélienne contre une délégation du Hamas à Doha, États-Unis et monarchies du Golfe avaient condamné l’opération. Washington cherche à éviter une rupture stratégique semblable à celle de 2021, quand une frappe houthie contre des installations pétrolières avait poussé Riyad vers la Chine.

L’enjeu est aussi économique : le projet de corridor logistique reliant l’Inde à l’Europe via le Proche-Orient nécessite une stabilisation des zones portuaires israéliennes. D’où la volonté d’une Gaza “sous contrôle”, quitte à ignorer toute souveraineté palestinienne.

Enfin, l’ONU est totalement marginalisée : aucune mesure du plan ne serait supervisée par les Nations unies, hormis la distribution de l’aide humanitaire. Élaboré sans mandat international, ce “plan de paix” parachève la mainmise américano-israélienne sur Gaza.

“Ce n’est pas un plan de paix, mais un plan pour normaliser l’occupation”, avertit Ofer Cassif, député communiste israélien.


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