En Turquie : Erdogan installe une dictature

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En Turquie : Erdogan installe une dictature

Erdogan liquide les libertés démocratiques.

Profitant de la tentative avortée de coup d’état perpétrée cet été par une partie de l’armée, le président turc Erdogan a entamé une vaste purge de ses opposants et opposantes politiques. Sous couvert de lutter contre les putschistes, il a instauré l’état d’urgence, et a fait voter une levée de l’immunité parlementaire.

Dès lors, chaque parlementaire s’opposant à sa politique est justiciable. Les députés du Parti Démocrate des peuples (HDP) ont été les premières victimes de la répression. Sur les 59 députés obtenus par le parti en novembre 2015, treize ont été interpellés et placés en garde à vue. Les co-présidents Selahattin Demirtas et Fiden Yüksekdag encourent respectivement 142 et 83 ans de prison sous prétexte de lutte “antiterroriste”. En effet, le HDP travaille à garantir les droits du peuple Kurde, opprimé en Turquie. Erdogan les accuse d’être liés au Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), qui mène depuis 30 ans une lutte armée pour ses droits et son autonomie.

Au-delà des étendards du HDP et du PKK, c’est bien toute la résistance kurde et progressiste qui est prise pour cible dans la quête présidentielle d’un pouvoir toujours plus grand, mais pas seulement. A la recherche d’alliés lui permettant de modifier la Constitution pour présidentialiser le régime, Erdogan tente par tous les moyens de séduire le MHP, parti d’extrême droite nationaliste. Pour parvenir à ses fins, il a déjà franchi plusieurs lignes rouges, à commencer par l’annonce fin octobre du rétablissement de la peine de mort.

La crise des migrants comme moyen de pression

Si le gouvernement islamo-conservateur se permet de tels propos, c’est qu’il a conscience de la faiblesse des protestations émises par les pays occidentaux, qui font appel à la Turquie pour absorber et gérer le flux de réfugiés qui se pressent aux frontières de l’Europe. La volonté d’écarter de leur territoire les réfugiés poussent les dirigeants européens à garder le silence face aux actes criminels du gouvernement de l’AKP. Depuis la tentative de coup d’état de cet été, 35 000 personnes ont été emprisonnées, dont de nombreux et de nombreuses journalistes. Près d’une centaine de milliers de fonctionnaires ont été démis de leurs fonctions. Instaurant un climat de terreur visant à tuer dans l’œuf toute tentative de résistance, Erdogan demeure pourtant un interlocuteur de premier ordre du gouvernement français.

Alors que les parlementaires du HDP sont contraintes et contraints de boycotter le parlement pour protester contre l’emprisonnement de leurs collègues et de leurs coprésidents, Selahattin Demirtaş et Figen Yüksekdağ, Erdogan résumait mi-novembre la situation en ces mots ” Vous savez qu’il y a trois millions de réfugiés en Turquie? Ils disent que c’est un problème. Que se passera-t-il si c’est la fin des négociations et que les portes s’ouvrent? Où les mettre? C’est leur principal souci. Voilà pourquoi ils ne peuvent en venir au point final. ”

Erdogan joue l’affrontement, faisons lui barrage.

Le parti AKP, fait aussi pression ces dernières semaines dans sa campagne sur la réforme de la constitution, qui laissera au président le pouvoir de gouverner dans le pays, sans passer par le parlement. Plusieurs meetings du AKP ont été annulés  par des municipalités Allemandes et au Pays-Bas, ou la diaspora turque est très importante. Il a qualifié de « vestiges du nazisme » ces annulations et tente par tous les moyens de faire pression sur les états européens.

A Metz, un meeting de soutien à Erdogan a pu être organisé grâce au silence complice de Jean Marc Ayrault qui sous prétexte  « d’apaisement », laisse les vrais fascistes du AKP, prôner la dictature ici en France. Pendant que notre ministre des affaires étrangères renonçait à faire barrage au AKP, un nouveau rapport  des Nations Unies faisait état de destructions massives et de graves violations des droits dans le Sud-Est de la Turquie (Kurdistan) depuis juillet 2015.

Encore une fois, nous ne pouvons compter que sur les peuples pour faire barrage aux réactionnaires.


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