Un nouveau gouvernement qui s’inscrit dans la droite ligne du précédent

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Un nouveau gouvernement qui s’inscrit dans la droite ligne du précédent

Suite à la victoire d’Edouard Philippe au Havre et à sa démission au poste de Premier ministre, Emmanuel Macron a nommé Jean Castex au poste de Premier Ministre. Jean Castex, encore inconnu au bataillon il y a quelque mois s’est fait connaître en tant que “Monsieur déconfinement”. Il aura fallu attendre toute la journée du lundi pour avoir les noms des nouveaux ministres. Entre les velléités de rassemblement de la part d’Emmanuel Macron et la nouvelle composition du gouvernement, le Président de la République ne semble plus à une contradiction prêt.  

Emmanuel Macron : “ce sera un gouvernement de missions et de rassemblement” 

Le Président de la République avait annoncé un gouvernement de large rassemblement. Cette troisième phase du quinquennat qui a débuté à la suite du confinement devrait être celui de la “résilience” et du renouveau dans la politique gouvernementale. Le résultat est tout autre, entre retour d’anciens ministres et jeu de chaises musicales, le nouveau gouvernement s’inscrit dans la droite ligne du précédent. “Droite”, c’est le cas de le dire. Dans ce nouveau gouvernement de “large rassemblement” beaucoup de ministres issus des Républicains et de La République en Marche, aucun de la gauche ou des écologistes. 

A l’issue de ce remaniement, l’objectif d’un réel renouvellement des personnes comme dans sa politique n’est pas atteint. Une bonne partie des ministres nommés sont issus du gouvernement précédent. Pour ce qui est des nouveaux entrants, la plupart sont issus d’anciens gouvernements et ont participé aux différentes politiques austéritaires, de casses des services publics de ces dernières années. 

Avant même le remaniement, les ambitions affichées par le Président et le choix du Premier ministre n’allait pas de pairs. Jean Castex est l’ancien secrétaire général de l’Elysée sous Nicolas Sarkozy, adhérent aux Républicains il y a encore quelques semaines. Énarque de formation, il est régulièrement présenté par ses proches comme un technicien plus qu’un politique, cela vient en réalité masquer une orientation politique libérale bien à droite. Cette nomination vient éloigner encore un peu plus l’exécutif de la réalité et des aspirations des Françaises et Français.  

A peine nommé, il s’est déjà fait remarquer en tenant à apporter un soutien “sans faille” aux policiers. Ces propos tenue lors d’une visite d’un commissariat à la Courneuve s’inscrivent dans un contexte de scandale vis à vis des violences policières particulièrement en Seine Saint-Denis où la CSI 93 a été démantelée suite à une enquête pour des violences répétées. Le nouveau gouvernement affiche d’emblée la couleur sur ce sujet. Il s’inscrit dans la continuité de Christophe Castaner et se contente d’apporter un soutien aveugle à la police. À l’heure où des centaines de milliers de jeunes manifestent pour dénoncer les violences policières, l’absence de remise en question n’est pas sans poser un réel soucis. 

L’autre fait d’arme du nouveau Premier Ministre est sa participation au démantèlement de l’Hôpital Public. En tant que haut fonctionnaire, il était l’un des pionnier de la tarification à l’acte. A l’époque, la ministre de la Santé qui a mis cela en place n’est nulle autre que Roselyne Bachelot, nouvelle ministre de la Culture. Cette tarification à l’acte vise à “rationaliser les coûts” en augmentant les cadences de travail. Elle a eu des effets désastreux sur la qualité des soins octroyé notamment en forçant les médecins à réduire les temps de consultations et à pousser le personnel soignant au burn-out. La nomination au sortir d’une crise sanitaire sans précédent dans notre l’Histoire moderne de Jean Castex en tant que Premier ministre et Roselyne Bachelot apparaît comme une provocation à l’encontre du personnel hospitalier. Les paroles du Président de la République sur un réinvestissement dans l’Hôpital Public et payer “quoi qu’il en coûte” ne sont qu’un voeu pieux.  

Alors que depuis deux mois, l’exécutif a affirmé que la jeunesse serait une des priorité du gouvernement, à la sortie de ce remaniement, aucun ministère dédié n’a été créé. “La jeunesse” est une nouvelle fois rattachée à l’Education Nationale et ainsi reléguée au second plan. À l’Aube  d’une crise économique sans précédent mettant particulièrement en danger les jeunes, l’absence de ministère dédié et donc de politique d’envergure est représentatif du manque d’ambitions politiques du nouveau gouvernement pour la jeunesse.  

Enfin  de compte, nous avons un gouvernement sensiblement proche du précédent et pour cause ce sont la plupart du temps les mêmes. Le changement de cap annoncé n’aura pas lieu. 

Des réformes libérales à l’ordre du jour 

Le Premier ministre a dores et déjà annoncé le retour de la réforme des retraites. Ce qui devait être la réforme du quinquennat avait été mise de côté suite aux mobilisations massives et l’arrivée du confinement. Cette réforme est pourtant largement rejeté par la population. La volonté de la remettre à l’ordre du jour prouve une nouvelle fois que le renouvellement ministériel n’a pas permis un renouvellement des politiques publiques. 

L’autre priorité de l’exécutif sera de permettre de favoriser l’emploi. Lors des traditionnelles questions au gouvernement à l’Assemblée Nationale, Jean Castex a affirmé que l’emploi des jeunes serait une de ses priorité. Il a ainsi annoncé qu’il réfléchissait à exonérer les cotisations sociales salariales, non pas pour augmenter le salaire net des salariés mais au profit des patrons. Afin de favoriser l’emploi des jeunes, Jean Castex prévoit donc de diminuer le salaire brut et de créer un nouveau déficit dans les caisses de la sécurité sociale. Pour sortir de la crise le gouvernement fait le choix d’accélérer les mêmes réformes libérales qui nous ont amenés à cette crise économique. 

En conclusion, derrière les belles annonces d’Emmanuel Macron sur une soi disante troisième phase sociale de quinquennat, se cache les mêmes ministres qui ont participé à la casse généralisée du service public. Le renouvellement politique tant attendu n’est pas au rendez-vous. L’exécutif s’inscrit dans la droite lignée du précédent et va mener la même politique qui nous a conduit dans le mur.


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