Venezuela : nouveau laboratoire de l’impérialisme

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Venezuela : nouveau laboratoire de l’impérialisme

La crise au Venezuela bénéficie d’un traitement médiatique particulièrement absurde. Si la situation n’était pas aussi tragique, on pourrait presque en sourire. Les mêmes titres si prompts à s’indigner lorsque des salariés en grève se permettent de bloquer une route, glorifient sans retenue les jeunes gens des beaux quartiers de Caracas qui jettent des cocktails incendiaires sur la police depuis une barricade.

Une nouvelle assemblée pour un nouvel ordre constitutionnel

Ce dimanche les Vénézuéliens étaient conviés aux urnes pour élire une Assemblée Constituante en remplacement de l’Assemblée Nationale tenue par l’opposition.  Cette dernière y avait conquis la majorité alors même qu’elle ne cesse de dénoncer le caractère non démocratique du pays.

Elle n’a cependant jamais réellement cherché à y jouer un rôle. La situation économique catastrophique du pays n’a pas semblé les inquiéter. Pire, il semble qu’une partie de la bourgeoisie ait entrepris de délibérément saboter l’économie du pays.  Les députés de l’opposition n’ont jamais poursuivi qu’un seul but depuis leur élection, celui de mettre à terme le mandat de Nicolas Maduro.

Le choix de convoquer une assemblée constituante s’est imposé après que le tribunal suprême de justice ait tenté de s’arroger le pouvoir législatif pour sortir du blocage. Cette intervention illégale au regard de la constitution a fortement accentué les tensions sans parvenir à sortir du blocage.

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Toutefois ce processus constituant est également dénoncé par certains militants chavistes. Ils expliquent que les problèmes sociaux et économiques se seront pas résolus par une nouvelle constitution.

Le boycott de l’élection par l’opposition pose évidemment le problème de la légitimité de la future assemblée et donc de sa mission. Mais c’est aussi la légitimité de l’opposition qui est questionnée, cette dernière refusant systématiquement les processus démocratiques.

On notera cependant que la nouvelle Assemblée a été élue avec une participation de 41,53%. En juin dernier en France le second tour des législatives n’a mobilisé que 42,64% des électeurs. Sans qu’il y ait d’appel à boycott ou de barrages sur les routes.

Pas de sortie de crise en vue

Le Venezuela est aujourd’hui profondément divisé sur fond d’une importante crise économique. La violence y est également omniprésente avec un taux d’homicide de 98 pour 100 000 habitants. Les manifestations quasi-quotidiennes de l’opposition n’échappent pas à cette violence. On décompte déjà plus d’une centaine de morts depuis le début des manifestations.

Plusieurs policiers sont poursuivis pour violences mais les affrontements gagnent en intensité. Hier un policier est mort d’une balle dans la tête. L’explosion d’une  barricade piégée par une bombe a également fait 7 blessés. Deux candidats chavistes ont également été assassinés.  L’attaque à l’hélicoptère du parlement avait fait le tour du monde, sans que la communauté internationale ne s’en émeuve particulièrement.

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La Colombie a ainsi déjà affirmé qu’elle ne reconnaissait pas les résultats de l’élection de dimanche, aussitôt suivie par le Brésil. L’Organisation des Etats Américains, contrôlée par les Etats-Unis – ce qui lui vaut le surnom de “ministère des Colonies” –  a également adopté la même position.

Le Venezuela se trouve ainsi fortement isolé sur le plan international, les sanctions économiques sur les exportations de pétroles  annoncées par les Etats-Unis risquent de compliquer encore davantage la situation.

Cette constituante n’a pas permis de trouver une sortie pacifique à la crise politique. La crise économique est toujours présente, la faiblesse des cours du pétrole pénalisant les importation tandis que les exportations s’envolent. L’inflation est également toujours galopante, même si les effets ont pu être atténués en subventionnant des paniers de nourriture.

Le pays a désormais deux assemblée puisque la précédente en majorité ne reconnaît pas la nouvelle. Aujourd’hui certains groupes de l’opposition jouent ouvertement la carte de la guerre civile et de l’intervention américaine.


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