À la COP 28, des engagements en attendant les actes

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À la COP 28, des engagements en attendant les actes

200 pays se sont accordés mercredi au terme de la COP 28 sur un texte s’engageant à « transitionner hors » des énergies fossiles.

Depuis deux semaines, la réunion se tenait à Dubaï et la teneur des discussions soulevait l’inquiétude qu’aucune avancée n’en ressorte.

Malgré les atermoiements et le caractère non contraignant de l’accord, les représentants de toutes les nations s’entendent finalement pour la première fois sur l’abandon des énergies fossiles, responsables de 80 % des émissions de gaz à effet de serre. C’est un tour de force diplomatique à l’heure où les conflits se multiplient et s’intensifient dans le monde.

Pour autant, nombre de pays portaient avec la communauté scientifique l’engagement à une « sortie » du charbon, du pétrole et du gaz, en utilisant un terme plus ferme que celui de « transition ». La majorité des pays ne sont pas encore prêts à reprendre un engagement aussi ferme, bien qu’il soit le seul à même de permettre de limiter le réchauffement climatique bien en dessous de 2 °C. Par conséquent, aucune échéance n’est annoncée pour abandonner définitivement les énergies fossiles.

Si des accords plus ambitieux peuvent être signés avec un nombre plus réduit de pays, l’intérêt de la COP est tout de même de rassembler tous les pays derrière un consensus. Jamais ce type d’accord n’avait encore mentionné l’abandon des énergies fossiles. L’engagement le plus ambitieux jusqu’ici était la « réduction » du charbon.

Les nations s’engagent également à tripler les énergies renouvelables et à doubler l’efficacité énergétique avant 2030. Il est question de viser des technologies bas-carbone comme le nucléaire et l’hydrogène.

Néanmoins, certaines solutions présentées sont contre-productives, par exemple l’usage du gaz comme une énergie de transition ou l’insistance sur la capture et le stockage carbone, qui est une technologie ni mature, ni répandue, et souvent instrumentalisée pour poursuivre la production de pétrole et de gaz.

« L’humanité a ouvert les portes de l’enfer »

L’intérêt de la COP réside également dans le bilan qu’elle permet de fournir sur les actions et les trajectoires des pays.

Pour rappel, l’accord de Paris de 2015 estimait qu’il fallait limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C, ce qui implique une baisse des émissions de gaz à effet de serre au plus tard en 2025 et leur diminution de 43 % avant 2030.

Lors de la COP 28, un premier bilan de cet accord a été fait. Pour le moment, les feuilles de route des pays sont trop peu ambitieuses pour être en mesure de satisfaire les objectifs fixés à Paris. En effet, selon les plans nationaux, la hausse des émissions de gaz à effet de serre ne fait que ralentir et elles devraient se stabiliser en 2030, au lieu de réduire de 43 %. L’écart est considérable.

À l’issue de la COP 28, force est de constater que les actions mises en œuvre ne sont pas à la hauteur de l’ambition.

Sur les moyens financiers nécessaires à la transition énergétique et à l’adaptation face au dérèglement climatique, peu d’engagements ont été pris. La question du financement de l’abandon des énergies fossiles reste en suspens. Le financement de l’adaptation des pays vulnérables au dérèglement climatique n’avance pas : le fonds « pertes et préjudices » ne s’élève qu’à 700 millions de dollars, alors que l’ONU estime les besoins entre 200 et 390 milliards de dollars par an.

Pendant ce temps, les profits de quatre grands pétroliers (Total, Shell, Exxon, BP) atteignent plus de 140 milliards de dollars en 2022.

Le secrétaire général de l’ONU avait déclaré « l’humanité a ouvert les portes de l’enfer », alors que les huit dernières années ont été les plus chaudes enregistrées et que les émissions de gaz à effet de serre ne cessent d’augmenter.


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