Chronique sociale, l’emploi et les salaires menacés, l’apprentissage davantage subventionné

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Chronique sociale, l’emploi et les salaires menacés, l’apprentissage davantage subventionné

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L’emploi et les salaires en danger 

L’information n’est pas passée inaperçue et était — hélas ! — prévisible, le chômage a fortement augmenté au mois d’avril. Le nombre de chômeurs en catégorie A, c’est-à-dire sans aucune activité, a crût de 22,6 %, soit près de 850 000 chômeurs supplémentaires. Cela provient en partie d’un basculement des chômeurs ayant une activité réduite vers une absence d’activité. C’est le résultat de ce que nous expliquions dans une précédente chronique sur la baisse des contrats courts. 

À cela s’ajoute l’ombre des licenciements qui ne cesse de s’étendre. Chaque jour a son lot d’annonces de plans de restructuration et de licenciements. Un effet d’aubaine pour accélérer certaines restructurations envisagées bien avant la crise par de grosses sociétés. La crise ne doit pas faire oublier l’intérêt du capital à assurer l’augmentation du taux de profit, ce qui conduit ses détenteurs à détruire ou dévaluer du capital qui n’est pas suffisamment performant pour accroître la rentabilité du capital restant. 

Derrière de grandes entreprises qui ferment, il y a bien sûr les emplois directs qui sont supprimés, mais il y a des milliers d’autres emplois et d’autres travailleurs qui sont impactés. Quand une entreprise ferme, ses clients, ses fournisseurs ou encore ses sous-traitants en subissent les conséquences. Ce sont aussi des villes et des villages entiers qui sont impactés quand l’usine du coin ferme. Derrière ce sont de nombreux commerces de proximités qui sont menacés. 

Autre effet d’aubaine pour les grandes sociétés, la peur du chômage permet d’avancer ses pions pour baisser les salaires. On a pu voir à ce sujet une très belle coordination entre le patronat qui veut baisser les salaires et Muriel Pénicaud qui appelle les salariés à consommer leur épargne pour stimuler l’activité. Les grandes sociétés qui dominent une large majorité des entreprises françaises peuvent ainsi espérer avoir le beurre, l’argent du beurre et la force de travail du crémier et de la crémière ! 

Les travailleurs sont donc soumis à cette injonction contradictoire : accepter (encore) des sacrifices en termes de salaire et consommer plus pour soutenir l’activité. La pandémie a mis en exergue les besoins industriels du pays notamment pour fabriquer le matériel médical, qui aurait permis d’avoir des masques, des respirateurs et tout ce qu’il fallait pour affronter cette crise. Le Gouvernement refuse de prendre les mesures nécessaires à l’indispensable réindustrialisation du pays. 

L’apprentissage : un plan pour lutter contre le chômage des jeunes 

Depuis le début de la pandémie, un jeune sur six a cessé de travailler. Les jeunes sont en effet les premiers concernés par les CDD et l’intérim, ces contrats qui n’ont pas pu se former pendant le confinement. Pour celles et ceux qui démarrent dans la vie active, le manque d’expérience demandée par les entreprises constitue également un poids. 

Un plan de protection de l’emploi des jeunes a été annoncé par Emmanuel Macron. Celui-ci s’élèverait à 1 milliard d’euros. Le contenu devrait être connu début juillet. En attendant, des mesures pour favoriser l’embauche des apprentis devraient être prises, car le choix de recruter ou non des apprentis par les entreprises se fait en cette période. C’est donc une urgence pour cet aspect tant vanté de la politique du ministère du Travail depuis plus de deux ans et qui a par ailleurs subi de lourds aménagements pendant le confinement. 

Pour aider les 450 000 candidats à l’apprentissage, le Gouvernement a donc promis une aide à l’embauche de 5 000 euros pour les mineurs et de 8 000 euros pour les majeurs jusqu’à février 2021. Ces mesures permettraient qu’en dessous de 21 ans, les apprentis ne « coûtent » rien aux entreprises.

La demande de contrat à « coût zéro » pour les entreprises de moins de 20 salariés de l’U2P et celle de l’aide unique de 10 000 euros demandée par le MEDEF sont donc partiellement acceptées par le Gouvernement. Les apprentis seront donc une main d’œuvre gratuite prise en charge par l’État durant environ un an.


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