Elections en Corse, tribune de Marc-Antoine coordinateur départemental des jeunes communistes de Corse du Sud

publié le dans
Elections en Corse, tribune de Marc-Antoine coordinateur départemental des jeunes communistes de Corse du Sud

Le dimanche 4 décembre 2017 aux alentours de 19h30, France 3 Corse annonce les premières estimations des élections territoriales et là le couperet tombe, la liste « L’avvene, a Corsica in cumunu » (ou « L’avenir, la Corse en commun » en français) ne rassemblerait que 5,7% des sondages et n’aurait pas les voix nécessaires pour se maintenir au second tour. Les minutes passent, les résultats finissent par se confirmer et là nous réalisons que pour la première fois depuis sa création en 1982, l’Assemblée de Corse n’accueillera pas d’élus communistes.

Et alors que les militants étaient partagés entre colère et peine, il y eut ce Tweet assassin de Jean-Luc Melenchon qui se gargarisait du triomphe des nationalistes et de l’échec de la seule liste de gauche engagée dans ces élections territoriales.  Un coup de couteau dans le dos porté par le nouvel ami de Gilles Simeoni qui en l’an 2000 déclarait dans Marianne « qu’il valait mieux perdre la Corse que la République » et qui s’était déjà permis de qualifier notre alliance de circonstance avec les insoumis de « tambouille électorale ». Comme si les questions de copyrights étaient plus importantes que les 60,000 corses vivant avec moins de 970 euros par mois, comme si l’avenir de la région la plus pauvre de France comptait moins que ses intérêts personnels…

Mais après la peine, il a été temps de nous remettre en question et forcé de constater que même s’il a retardé le début de notre campagne de plusieurs semaines, Jean-Luc Melenchon n’a pas été le seul responsable de notre échec !

Pour comprendre la raison de cette défaite électorale, il faut savoir que la Corse a été (et est toujours ?) une île extrêmement clanique et les hautes instances ont longtemps été dirigées par des familles influentes qui se transmettaient le bébé de père en fils. La mairie de Bastia a par exemple été détenue par le « clan » Zuccarelli de 1919 à 2014 et c’est justement cette année-là avec la victoire du leader nationaliste Gilles Simeoni que la vie politique insulaire a radicalement changé

Les nationalistes dit « modérés » on en un peu moins de quatre ans fait tomber uns à uns les grands clans historiques de la Corse, représentant aux yeux de beaucoup le renouveau de la classe politique, ce dégagisme si cher à Mélenchon. La forte participation des nationalistes, mêlée à l’abstention de plus en plus importante (47,83% lors de ces élections) est sans aucun doute la clé du succès de Gilles Simeoni.

Nous n’avons donc pas été capable d’incarner cette nouveauté, cette révolution politique, pire le Parti Communiste Français a même été assimilé aux clans, le plaçant ainsi dans le même panier que les politiciens corrompus désormais honnis par toute une partie du peuple Corse.

Mais cet échec ne sonne pas le glas du PCF en Corse, bien au contraire. L’Histoire contemporaine de notre île a été marqué par les combats et les sacrifices de grands résistants communistes comme Danielle Casanova où Jean Nicoli, fort de cet héritage, nous avons consciences qu’il est de notre devoir de continuer à lutter en dehors de l’hémicycle et notamment dans la rue et aux côtés des associations qui animent la vie politique corse.

Bien que très déçus par les récents résultats, nous utiliserons ce revers pour construire sur des bases saines et reconstruire la Gauche Corse afin de lutter efficacement contre le capitalisme qui détruit la nature et asservit les hommes. Tout n’est pas noir et certains résultats, comme celui d’Ajaccio où nous étions devant le candidat REM (7,35% pour la Gauche contre 7,03% pour les marcheurs) nous encouragent à continuer notre lutte, à renforcer notre présence sur le terrain afin de construire les lendemains qui chantent.

Le Parti Communiste Français a réagit dans un communiqué :

En rassemblant 6788 suffrages, 660 de moins qu’en 2015 pour la liste PCF-FdG, cette liste, la seule de gauche (FI, PS, PRG, EELV ayant jeté l’éponge avant de mener le combat) n’est pas parvenue avec 5,7 % à franchir la barre des 7 %, indispensable pour qu’elle puisse être maintenue.
Aussi surprenant que cela puisse paraître, plusieurs voix sur le continent se sont félicitées de cette disparition, dont des responsables politiques de gauche qui ne présentaient pas de candidat. C’est une analyse à courte vue, dont le patronat local pourra se satisfaire tant il est vrai que sa domination économique et sociale n’était contestée jusqu’ici que par les élus régionaux communistes.


Édition hebdomadaire

Mêmes rubriques