LGBTI : une lutte internationale entre avancées et reculs

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LGBTI : une lutte internationale entre avancées et reculs

Le 28 juin 1969 à New York avaient lieux les émeutes de Stonewall, pierre fondatrice de la lutte pour les droits LGBTI qui déclenchèrent le mouvement des Marches des Fiertés. Depuis 50 ans les luttes pour les droits LGBTI ne faiblissent pas dans le monde entier.

En un demi-siècle les droits des personnes LGBTI ont globalement progressé partout dans le monde. Depuis janvier 2019 trois pays :  l’Autriche, les Iles Caïman et Taïwan ainsi que quatre nouveaux états mexicains portant le total à 17 sur 32 ont ouvert le mariage, jusque là interdit, aux couples homosexuels. Dans le même temps, le 24 janvier l’Angola dépénalisait les relations homosexuelles en retirant de sa législation la clause “des vices contre nature” , démarche imitée par le Botswana dans le cadre d’une décision de la Haute Cour du pays le 11 juin.

Ce sont maintenant près de la moitié des pays d’Afrique subsaharienne qui ont fait le choix de dépénaliser l’homosexualité. Cependant les discriminations et les violences à l’encontre des personnes LGBTI restent nombreuses et  trop souvent impunies. C’est par exemple le cas au Burkina-Faso qui n’a jamais pénalisé l’homosexualité depuis son indépendance en 1960 mais où entre 2015 et 2016 les attaques homophobes, soutenues par les prêcheurs musulmans et chrétiens se sont multipliées. A noter sur le continent le cas exceptionnel de l’Afrique du Sud où, le mariage et l’adoption pour les couples  homosexuels sont autorisés depuis 2006 et 2002, mais où les violences restent régulières. Tinyiko Gift Ntini, secrétaire de la Ligue des jeunes Communistes d’Afrique du Sud déclare d’ailleurs qu’une des priorités de son mouvement dans les années à venir est :« d’approfondir, défendre et faire avancer la Révolution démocratique nationale, en abordant plus particulièrement la violence de genre, qui est très répandu, les meurtres absurdes de personnes albinos, et le progrès de la lutte pour l’égalité des genres, en travaillant notamment avec la communauté LGBTQI ».

Cette avancée de l’égalité des droits en Afrique n’est pas un phénomène isolé sur le globe, de nombreux pays d’Asie ont déjà dépénalisé l’homosexualité le dernier en date étant l’Inde en 2018. En Amérique Latine les luttes LGBTI, souvent portées par des marches des fiertés massives, connaissent plusieurs succès. Le 12 juin 2019 Cour constitutionnelle d’Equateur a décidé d’autoriser le mariage entre couples homosexuels , décision faisant jurisprudence vis-à-vis de la Constitution de 2008 qui définissait le mariage comme l’union “d’un homme et d’une femme”. Le lendemain c’est le Tribunal Fédéral Suprême du Brésil qui a décidé de criminaliser l’homophobie, en faisant un délit au même titre que le racisme. Cette décision est d’autant plus surprenante qu’elle intervient alors que le pays est dirigé par Bolsonaro notoirement homophobe déclaré et que sa majorité gouvernementale est fortement influencée par les églises pentecôtistes.  Cependant 73 états continuent de poursuivre les personnes LGBTI dont onze de peine de mort.

Si la situation semble s’améliorer globalement sur le globe, il est inquiétant de noter une stagnation voir un recul des droits pour les personnes LGBTI ainsi que  qu’une recrudescence des violences à leur encontre en France et en Europe

SOS homophobie a sorti le 14 mai dernier son rapport sur  les LGBTIphobies en France pour l’année 2018. Les chiffres sont alarmants.

En 2018, se sont 1905 signalement (faits, insultes, discriminations, agressions) qui sont recensés, soit une augmentation de 15% par rapport à 2017. Les agressions physiques sont en forte hausse (+ 66%) ainsi que la lesbophobie (+22 %) et 365 signalements soit un cas par jour.

SOS homophobie avait déjà interpellé fin novembre 2018 le gouvernement sur la recrudescence des LGBTIphobies en France.

Retrouvez ici le communiqué du MJCF.

Et alors que des marches des fiertés sont organisées partout en France et dans le monde pour revendiquer l’égalité des droits, un stand d’une association LGBTI a été attaqué et dégradé en plein jour  à La Roche Sur Yon, par des jeunes de La manif pour tous. Une attaque d’une violence extrême digne d’une milice fasciste, tant sur les propos tenus que la façon dont elle s’est produite, témoignant beaucoup plus qu’une décomplexion de la parole homophobe dans la période.

Dans le reste de l’Europe, la situation est sensiblement la même, à Londres notamment, où un couple de  femmes a été victime d’une agression lesbophobe dans le bus, tabassées après avoir refusé de s’embrasser devant un groupe d’hommes.

Et bien que l’homosexualité ait été dépénalisée sur tout le continent, de trop nombreux pays se démarquent par leur absence de volonté politique quant à la lutte contre les LGBTIphobies et ce malgré le vote de lois anti-discriminations.

Avec la multiplication des atteintes aux droits et aux libertés fondamentales, les droits des personnes LGBTI sont en danger, d’autant plus avec la montée en puissance de l’extrême droite dans de nombreux pays en Europe.


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