Macron, 6 mois de présidence libérale

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Macron, 6 mois de présidence libérale

Il y a 6 mois après un premier tour qui a vu Emmanuel Macron arriver en tête de l’élection présidentielle, celui qui avait lancé son mouvement politique moins d’un an avant, était élu président de la République.

Large victoire pour soutien minoritaire

Face à Marine Le Pen qui incarne tout ce que la France compte de plus réactionnaire et raciste, l’ancien ministre de l’économie d’Hollande est élu haut la main avec 66,1% des voix .

Cette nette victoire va donner à son mouvement un élan énorme qui lui permettra d’obtenir 350 sièges de députés avec ses alliés un mois plus tard. Bénéficiant d’une majorité absolue de députés aux ordres, l’ancien banquier dispose  se trouve dans une situation extrêmement confortable.

A l’inverse il n’a jamais eu un grand soutien populaire. Les images de son discours devant la pyramide du Louvre, tout en étant soigneusement étudiées, ne parviennent pas à cacher le peu de gens qui ont fait le déplacement. On est loin de la place de la République en liesse qui avait accueilli l’élection de François Hollande.

Aujourd’hui selon un sondage Harris-interactive pour France 2, 59% des français se disent mécontents des six premiers mois du président contre 35% qui s’en disent satisfaits.

Des réformes tout azimuth

Difficile de dire si la start-up nation promise par le Président de la République est en place. Si les annonces se sont succédées à un rythme soutenu et si l’exécutif a démontré cet été son mépris du travail parlementaire, on ne peut pas dire qu’on ait vu des idées neuves.

La réforme du code du travail est l’application bête et méchante de tous les dogmes libéraux ressassés par le patronat et ses valets depuis des décennies. Qu’importe que ces mesures usées et ré-usées n’aient jamais produit aucun effet positif pour l’emploi, les taux de profits passent avant.

Sur la protection sociale, il n’est pas possible ici non plus de constater la moindre fulgurance dans les propositions de l’exécutif. Baisser les cotisations, fiscaliser le financement, baisser les dépenses, il semble que Macron s’inscrive plus dans une continuité de casse sociale que dans une rupture.

Comble de l’absence d’idée qui anime ce gouvernement, ils ont même ajouté une loi sécuritaire aux multiples mesures déjà existantes. A moins que faire rentrer l’exceptionnel dans l’ordinaire, soit une marque de la start-up nation ?

Pas sur que l’austérité poursuivie par le gouvernement soit une preuve d’un nouveau dynamisme.

Un gouvernement d’idéologues sous des airs technocratiques

Souvent décrit comme un gouvernement de techniciens, peu de têtes étaient connues lors de sa nomination. Les quelques personnalités politiques semblaient davantage être là en prises de guerre qu’en porteur d’un projet.

Se définissant volontiers comme pragmatiques, dépassant les clivages, privilégiant le faire, et autres formules bien trouvées, les membres du gouvernement sont pourtant pétris d’idéologie. Où est le pragmatisme dans une baisse globale de 5€ du montant des APL ?

La loi travail, le budget de la sécurité sociale loin de “dépasser les clivages” sont des authentiques politiques libérales toutes aux intérêts d’une seule classe.

Il est vrai que les ministères, limités dans la taille de leur cabinet, sont obligés de reposer davantage sur des fonctionnaires. Cet utilisation accrue du personnel administratif est loin d’être un gage de pragmatisme. Enfermés dans des bureaux parisiens, la connaissance des rouages de l’Etat ne parvient pas à compenser leur méconnaissance des habitants de notre pays.

Formés dans un petit cercle d’écoles, ces gens loin d’être les techniciens pragmatiques qu’on aime nous présenter, sont les chiens de gardes de l’Etat libéral. Macron, issu de l’inspection des finances, en fait partie. L’élection présidentielle fut en fait leur victoire.

Ces six mois, sans être un indicateur d’une très grande pertinence, sont une première étape d’un quinquennat qui s’annonce entièrement dédié aux intérêts de la bourgeoisie.


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