“C’est comme si ma vie s’était éteinte avec lui”. Derrière chaque mort au travail, c’est une famille brisée. Voir un enfant, un conjoint, un parent, partir au travail comme d’habitude, et ne jamais revenir. Avec une injustice survenue de l’absurde : cela aurait pu être évité
Ce jeudi 25 avril, à l’appel de la CGT, un rassemblement avait lieu devant l’hôtel de Ville de Paris. 450 silhouettes noires ont été disposées sur le sol du parvis pour commémorer les morts au travail.
450, c’est trop peu. Présente, Sophie Binet l’a rappelé : il en aurait fallu 1227 pour correspondre au nombre de morts au travail, ou du fait de leur travail, en 2023. En moyenne, près de 4 par jour. Et cela aurait pu être évité.
Sur le parvis de l’hôtel de Ville ce midi, les interventions s’enchaînent. Les différents orateurs, une représentante du Collectif familles stop à la mort au travail, suivie de responsables de Fédérations de la CGT, rappellent les chiffres effroyables. Honteux même, car la France a du retard sur bien d’autres pays européens. Et cela aurait pu être évité.
Dans la compétition des statistiques nauséabondes, la France est première dans deux catégories : première dans les accidents au travail ; première dans les dividendes versés aux actionnaires. Cocorico. Sophie Binet, de même que ses camarades, fait le lien entre ces deux palmarès : quand on supprime les CHSCT, quand on ne garantit pas l’application des règles de prévention, quand on ne condamne pas les abus, des accidents, des morts surviennent. Et cela devrait être évité.
Mais les choix politiques ont été autres. Depuis l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron, ces chiffres macabres sont à la hausse. En voici un autre : lorsque l’entreprise de Bolloré a été sanctionnée pour un mort au travail, elle a été condamnée à verser 5 000 €. C’est là le prix d’une vie. Mais c’est surtout la démonstration d’une parfaite impunité, d’une autorisation à tuer.
Car oui, il faut le répéter : la responsabilité d’une mort au travail revient dans son intégralité à l’employeur. Car cela pourrait être évité.
À l’occasion de ce rassemblement, les revendications évoquées ont été nombreuses. Respect des règles de prévention, remise en place des CHSCT, interdiction de la sous-traitance en cascade… La Secrétaire générale de la CGT a annoncé qu’une grande loi doit voir le jour pour permettre d’endiguer cette hécatombe. Si le gouvernement n’écrit pas cette loi, la CGT s’en chargera. Car “le meilleur hommage qu’on puisse rendre à ces vies brisées, c’est de leur dire que nous ne lâcherons rien.”