Jusqu’où ira la machine à trier de l’Université française ?

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Jusqu’où ira la machine à trier de l’Université française ?

La ministre de l’Éducation nationale, Elisabeth Borne, affirme que l’on devrait “choisir son avenir dès la maternelle“. Nous devrions confier à un enfant de trois ans une décision aussi lourde de conséquences, quand, même les adultes peinent à s’orienter dans un système aussi opaque que Parcoursup ou MonMaster ? 

L’école prétend rétablir l’égalité des chances, mais elle impose des choix contraints et inégalitaires.

L’œuvre de Parcoursup : briser l’avenir des jeunes

Depuis le 2 juin, les 630 000 terminales inscrits sur la plateforme découvrent la formation qu’ils intégreront l’année prochaine. Propositions d’admission pour certains, refus de rentrer dans l’enseignement supérieur pour d’autres. Cette machine à trier prive toute une partie de la jeunesse d’une formation, en particulier les classes populaires, désavantagées avant même de candidater sur la plateforme. 

La prise en compte du lycée d’origine et des activités extrascolaires favorise clairement les élèves issus de milieux aisés, qui disposent de plus de ressources pour valoriser leur dossier. À l’inverse, les étudiants de la classe travailleuse, souvent confrontés à des contraintes financières et familiales, ont moins accès à ces activités valorisées.

En 2023, 65 000 jeunes n’ont reçu aucune proposition d’admission sur Parcoursup, 47 000 en 2024. Difficile de se féliciter de cette baisse quand beaucoup de bacheliers abandonnent avant même de candidater. 

La quête du Master

MonMaster fête son 3ᵉ printemps. Le cadeau empoisonné pour les étudiants de licence, qui jusqu’au 16 juin accompagne les ambitions brisées et transforme la poursuite d’études en véritable parcours du combattant. Pas moins de 35 200 candidats n’ont reçu aucune proposition de master par la plateforme en 2023, 27 700 en 2024.

Contrairement à la première édition de la plateforme, les phases durent aujourd’hui deux semaines. Elles laissent toujours moins de temps aux étudiants pour choisir leur master. Des milliers d’étudiants sont plongés dans le stress et la désillusion, la sélection sociale est organisée sous couvert de « méritocratie ».

Comme chaque année, l’UEC lance son questionnaire afin d’interpeller le gouvernement sur les conséquences désastreuses de cette plateforme sur l’avenir des jeunes. L’année dernière, 98 % des participants se déclarent favorables à la fin de la sélection à l’université, exprimant ainsi une volonté claire : que l’accès au master soit un droit, non un privilège.

L’arme des libéraux pour trier la jeunesse

Ces deux outils de sélection rejoignent le même objectif : mener des politiques d’austérités au détriment d’une éducation planifiée accessible à toutes et tous.

Les mêmes problématiques se posaient avec APB (Admissions Post-Bac), l’ancêtre de Parcoursup. En 2017, 7,6% des inscrits n’ont reçu aucune proposition d’admission. Il lui était reproché son opacité quant aux critères d’admission et à son système de tirage au sort.

La problématique ne semble pas être celle du système de sélection, mais bien du principe. C’est toute la question de la valeur des diplômes qui est ici posée. Quid d’un bac sans fac ? Quid d’une licence sans master ?


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