Une réforme des institutions en forme de déni de démocratie

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Une réforme des institutions en forme de déni de démocratie

Le Premier ministre a présenté hier les contours de la réforme constitutionnelle promise par le Président de la République. Les principales mesures concernent le parlement qui se voit amputé d’un tiers de ses membres contre une maigre dose de proportionnelle.

L’antiparlementarisme gouvernemental

Toujours prompt à dénoncer le ” populisme “, l’exécutif, jamais avare d’opportunisme, multiplie les humiliations des parlementaires depuis près d’un an. Le gouvernement comme le Président de la République n’hésitent pas à jouer “les français” face à leurs représentants.

Dès le début de la session parlementaire, l’utilisation d’ordonnances pour réformer le code du travail a donné le ton. Emmanuel Macron n’aime pas le travail parlementaire. Issu de la haute fonction publique et échaudé par son expérience de ministre de l’économie sous Hollande, il exècre ouvertement la représentation nationale, tant pis pour la démocratie.

Réduire le nombre de parlementaires pour réduire le poids du parlement

Le projet gouvernemental de révision de la Constitution, prévoit une réduction de 30% du nombre de parlementaires, que ce soit à l’Assemblée ou au Sénat. Une coupe claire, identique aux deux assemblées, qui ne tient compte ni du découpage par circonscriptions, ni de la représentation démographique.

Une décision idéologique, qui ne poursuit que le seul objectif de baisser un nombre de parlementaires arbitrairement jugé trop important. Qu’importe que le résultat fasse de la France, le pays dont le nombre de représentants par habitant serait le plus bas d’Europe, qu’importe que face à l’inflation législative, ces derniers se trouveraient incapables de faire le poids face au gouvernement qui a l’appui de toute l’administration du pays.

Il est vrai qu’aujourd’hui les plus de 300 députés LREM s’interrogent sur leur utilité. Il faut avouer que l’interrogation est légitime tant ces derniers s’emploient à cultiver leur inutilité absolue. Même le lien à leur circonscription fatigue ces artisans du nouveau monde qui n’hésitent pas à afficher ouvertement leur mépris pour les électeurs.

Un déni de démocratie manifeste

L’introduction d’une dose de proportionnelle dans l’élection des députés devait être le moyen de justifier cette baisse. Limitée à 15% des effectifs de la future Assemblée Nationale, ce serait donc 61 députés qui seraient élus ainsi. Une soixantaine de députés élus à la proportionnelle pour plus de 45 millions d’électeurs…

Il ne resterait plus que 343 circonscriptions contre 577 actuellement, dont 11 pour l’étranger. Les circonscriptions sont déjà largement inégales en termes démographiques. La plus importante (en France métropolitaine) est la sixième circonscription de Seine-Maritime du député communiste Sébastien Jumel avec près de 147 000 inscrits, tandis que la plus petite est la 2e des Haute-Alpes avec 62 000 inscrits…

La nécessité de permettre une représentation de chaque territoire va nécessairement introduire de fortes inégalités de représentation entre les territoires. Mais aussi créer des circonscriptions bien trop vastes, pour maintenir un lien entre le député et ses habitants.  Pour Jean-Paul Dufrègne député communiste de l’Allier, cette conception est inacceptable. Dans un reportage sur TF1 il rappelle l’importance de la proximité des députés :

“Il faut qu’on aille là où sont les gens, là où vivent les gens. On est beaucoup plus crédible quand on a un peu de boue aux chaussures.”

Une conception radicalement opposée au projet présidentiel.


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