TEHERAN TABOU – PERSEPOLIS 2.0

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TEHERAN TABOU – PERSEPOLIS 2.0

Sorti le 04 octobre dernier Téhéran Tabou est le premier court-métrage du réalisateur d’origine iranienne Ali Soozandeh exilé en Allemagne depuis 1995. Il y développe des thématiques comme la prostitution, la drogue, le sexe et l’oppression.

LA TECHNIQUE

Téhéran Tabou est un film d’animation réalisé en rotoscopie, un choix pratique. En effet, l’animation permet à Soozandeh de tourner dans son pays natal, ce qui lui serait impossible sans cette technique. Cette dernière consiste, à partir de réelles images filmées avec de vrais acteurs à dessiner images par images leurs contours.

Ainsi, il peut se permettre de montrer des scènes qui seraient refusées par le gouvernement iraniens. On comprend donc bien ce parti pris.

Mais l’utilisation de la rotoscopie est aussi un choix artistique, respectable et bien maîtrisé qui redessine les personnages.

SYNOPSIS

Téhéran : une société schizophrène dans laquelle le sexe, la corruption, la prostitution et la drogue coexistent avec les interdits religieux. Dans cette métropole grouillante,  femmes de caractère et un jeune musicien tentent de s’émanciper en brisant les tabous.

LES PERSONNAGES

Sara vient de tomber enceinte, elle avait fait deux avortements qu’elle fera passer pour des fausses couches auprès de ses proches. Elle veut travailler mais son mari lui en empêche, sa mère essaye de la protéger. Alors elle veut s’envoler.

Donya vit avec son fils Elias. Son mari, violent et drogué est en prison. Pour survivre elle doit se prostituer et se fait passer pour une infirmière auprès de ses voisins. Donya veut que son fils, muet, puisse étudier correctement, elle, veut s’émanciper.

Babak est un jeune étudiant. Musicien il essaye de sortir un album mais est censuré. Alors en boite de nuit, il rencontre une jeune femme.  Après une nuit ensemble, celle-ci la rappelle pour qu’il lui paye la reconstruction de son hymen, il faut qu’elle soit vierge pour son mariage. Il va alors tenter de réunir l’argent pour l’opération. Babak rêve de quitter l’Iran pour jouer sa musique.

UNE SATIRE EFFICACE

La ville de Téhéran et ses tabous ont déjà été traité au cinéma, notamment dans Taxi Téhéran de Jafar Panahi (2015) mais surtout avec l’adaptation du Persepolis de Marjane Satrapi. On retrouve de nombreuses thématiques en commun aux deux films, le sexe, la musique, la liberté. Téhéran Tabou s’inscrit donc dans un Téhéran plus contemporain.

Téhéran c’est une ville à deux vitesses. Des interdits d’un côté en présence des forces de l’ordre, de l’autre des jeunes gens en quête d’émancipation qui agissent à l’abri des regards. Mais même ceux censés faire régner la loi enchaînent les conquêtes. On ne peut pas se tenir la main en public, produire la musique qu’on veut, lire ce qu’on veut et la pression patriarcale et religieuse y ait très forte. Pourtant dans Téhéran Tabou on danse, on boit, on consomme de la drogue et on fait l’amour. C’est alors une satire efficace de cette société que Soozandeh nous propose, trop loin de la fiction le film est plus proche du documentaire.

La fiction du scénario repose sur les destins liés des personnages qui se retrouvent à vivre dans le même immeuble. Si cette pratique a été vue et revue elle permet de redynamiser le film qui se perd dans un défilé de tabous que l’on connait bien.

Le film ne fait que constater mais n’en ait pas moins utile pour dénoncer.

 


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