Agriculteurs : patronat et gouvernement se refilent la patate chaude.

publié le dans
Agriculteurs : patronat et gouvernement se refilent la patate chaude.

Michel Edouard Leclerc, patron de l’enseigne numéro une de la grande distribution, estime que son nom a été « jeté en pâture » par Emmanuel Macron. Le grand patron ne digère pas d’avoir été, durant la crise agricole, l’une des cibles privilégiées des agriculteurs. « Le nom des enseignes de distribution, de Michel-Édouard Leclerc, a vraiment été jeté en pâture. On s’est retrouvé à être la cible de la FNSEA, des Jeunes Agriculteurs et du gouvernement » déplore-t-il au micro de BFM-RMC ce lundi matin.

La grande distribution, cible de la colère paysanne

Les centres E. Leclerc, comme toute la grande distribution, avaient été durant les mobilisations des agriculteurs des lieux de contestation sous haute tension. Des opérations « coup de poing », ou de réétiquetage y avaient été entreprises pour signaler des produits non conformes aux normes françaises et dénoncer l’utilisation des agriculteurs comme la variable d’ajustement des prix de la grande distribution.

L’exécutif, responsable des accords de libre échange qui ont causé cette situation, y était allé de son petit commentaire par l’intermédiaire du président de la République, qui avait rappelé l’amende de plus de 117 millions d’euros infligée par Bercy à E. Leclerc pour des pratiques restrictives de concurrence de la centrale Belge Eurelec.  

La grande distribution, source de la précarité paysanne

Pour Michel Edouard Leclerc : « L’esquive est une manière de renvoyer les deux adversaires dos à dos. C’était au gouvernement que s’adressait cette colère agricole, qui était aussi une colère sociale. Globalement, c’était une crise politique, avec des surenchères politiques et syndicales. Mieux vaut ne pas se trouver au milieu du champ de tir ». Nous ne pouvons qu’être admiratifs devant l’audace de la pirouette. Limiter la mobilisation des agriculteurs à une colère dirigée contre le gouvernement, à des “surenchères politiques et syndicales” c’est nier que les difficultés des agriculteurs sont d’abord dues à un système de production qui exploite les agriculteurs, sous-payés pour augmenter le profit des actionnaires. 

Bien que le gouvernement en soit le plus ardu défenseur, ce sont les actionnaires qui profitent de la misère et du travail des agriculteurs. C’est bien parce qu’ils veulent continuer à faire exploser leurs dividendes qu’ils ont tout intérêt à ronger le dernier euro tolérable par l’agriculteur ou le consommateur. Que Michel-Edouard Leclerc se rassure : nous savons qu’il n’est pas seul, et nous pensons à ses riches amis autant qu’à lui. Qu’il s’agisse des familles Moulin (Carrefour), Mulliez (Auchan) ou Schwarz (Lidl), nous connaissons les noms, nous connaissons les adresses. 


Édition hebdomadaire

Mêmes rubriques