Diffusée du 22 avril au 16 mai 2025 sur la plateforme Disney+, la saison 2 d’Andor a récemment beaucoup fait parler d’elle.
Après une première saison saluée par la critique mais restée relativement inaperçue, cette série issue de l’univers Star Wars obtient enfin, avec sa saison finale, l’attention qu’elle mérite. Elle se déroule quelques années avant Un nouvel espoir (George Lucas, 1977) et constitue le préquel de Rogue One (Gareth Edwards, 2016), lui-même préquel du film de 1977. Elle retrace le parcours du pilote rebelle Cassian Andor (Diego Luna), personnage central de Rogue One.
Un univers qui semblait à bout de souffle
Andor a dû réinventer un univers que tout le monde connaît et qui semblait avoir déjà tout raconté. Les récentes séries Star Wars produites par Disney ont été vivement critiquées pour leur incapacité à dépasser les qualités des films originaux, se contentant bien souvent de recycler des personnages et des intrigues connues, sans apporter de nouveauté.
Et pourtant, c’est un préquel de préquel qui parvient à relever ce défi. La série aborde des thèmes déjà présents dans les trilogies de George Lucas, mais largement effacés par Disney : le politique. Avant d’être un simple récit initiatique, la trilogie originale était une allégorie de la lutte contre l’impérialisme et le fascisme. Cet aspect était particulièrement développé dans la prélogie (La Menace fantôme, L’Attaque des clones, La Revanche des Sith), qui contenait notamment une critique voilée de la présidence de G. W. Bush.
Cet engagement politique avait été relégué au second plan dans les productions Disney. Tony Gilroy, showrunner et scénariste principal d’Andor, assume pleinement cette ambition en tissant une fresque puissante sur l’oppression impériale et la naissance de la rébellion.
Une réussite technique et musicale
La série se distingue par son grand soin apporté à l’aspect visuel. Les décors ne se limitent pas à des fonds numériques : l’équipe a tourné dans des lieux réels, comme la Cité des Arts et des Sciences de Valence pour représenter le Sénat impérial.
D’autres décors, qu’ils soient intérieurs ou urbains, ont été intégralement construits pour les besoins du tournage. Ces choix, certes coûteux, permettent d’offrir des environnements réalistes et tangibles, loin des excès du mur LED (écran circulaire utilisé pour simuler des décors), qui plombent d’autres séries Star Wars par leur artificialité.
Les effets spéciaux sont d’une grande qualité, à tel point qu’il devient difficile de distinguer les images générées par ordinateur des éléments réels. Ce résultat s’explique en partie par un budget bien supérieur à celui des autres séries de la franchise : 645 millions de dollars pour 24 épisodes répartis sur deux saisons.
Côté bande originale, Nicholas Britell signe des thèmes inédits, notamment le thème principal d’Andor, auquel s’ajoutent les compositions de Brandon Roberts pour la saison 2. La musique, plus industrielle, rompt avec les envolées héroïques classiques de la saga et confère à la série une ambiance singulière.
Une narration intelligente, portée par des personnages convaincants
Au-delà de l’aspect visuel et sonore, Andor se distingue par l’intelligence de son scénario et la complexité de ses personnages. Ici, pas de Jedi ni de pouvoirs mystiques. Les protagonistes sont des citoyennes et citoyens ordinaires, pris dans les rouages d’un empire totalitaire.
Le parcours de Cassian Andor, prêt à tous les sacrifices pour la rébellion, est au cœur de la série. On découvre les raisons profondes de son engagement. D’autres figures marquantes incarnent la diversité des formes d’oppression et de résistance. Certains impériaux eux-mêmes suscitent l’empathie, tant leur trajectoire est marquée par la servitude ou le doute. Car le véritable ennemi ici, c’est le système impérial, plus que ses agents.
Star Wars se renouvelle en renouant avec l’antifascisme
La série séduira évidemment les fans de la saga, car elle approfondit avec brio une période peu explorée de l’univers. Elle remplit parfaitement sa fonction de préquel à Rogue One, en donnant un nouveau relief aux sacrifices menés dans l’ombre pour permettre la victoire des héros de la trilogie originale.
Mais Andor parle aussi à un public bien plus large. Elle peut être regardée indépendamment, sans devoir ingurgiter des heures de contenus annexes, et touche par son message politique clair : la révolte est nécessaire.