Avec Empreinte 2050, le PCF met la science et les services publics au cœur de l’écologie de progrès

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Avec Empreinte 2050, le PCF met la science et les services publics au cœur de l’écologie de progrès

Le 6 novembre 2023, sous la coupole place du Colonel Fabien, le PCF présentait son plan climat pour la France. Il y détaille ses volontés politiques pour une neutralité carbone à l’horizon 2050, conformément à l’Accord de Paris de la COP21.

Ce document de 122 pages synthétise les résultats de la simulation réalisée par une équipe de scientifiques, d’ingénieurs, d’économistes et de climatologues issus de la commission écologie du PCF et de la revue Progressistes. Ce travail couvre notamment les secteurs du transport, du bâtiment, de l’industrie, de l’agriculture, en tenant compte des puits de carbone (la capacité des sols et des forêts à absorber le CO2).

Ce plan n’est pas à prendre ou à laisser. Cette version préliminaire est le point de départ d’une concertation au sein du PCF et au-delà, dans le but de l’améliorer, le réviser, et ultérieurement, régulièrement l’actualiser.

Empreinte 2050, un plan inédit dans la classe politique française

“Nous voulons donner les moyens aux Français de polluer moins tout en leur permettant de vivre mieux”, déclare Fabien Roussel. Refusant qu’un seul emploi soit sacrifié, il promeut des formations sans perte de salaire et veut donner le droit aux syndicats d’intervenir directement dans les choix des entreprises.

Le tout en investissant 8% du PIB dans cette transition, grâce à la création monétaire et au crédit, avec un pôle public financier et un conditionnement des aides aux entreprises. “C’est un projet de société que nous présentons, c’est un pays nouveau que nous voulons bâtir”, résume le secrétaire national du PCF.

Si de grands organismes de l’État, d’associations spécialisées et d’entreprises comme RTE, EDF, l’ADEME, le Shift Project ou SLC ont produit des simulations numériques similaires, c’est une première pour un parti politique. Avec dans ce cas une différence majeure : des propositions politiques concrètes sont faites, s’inscrivant dans un cadre idéologique cohérent, ce qui n’apparaît pas dans les autres synthèses. On retrouve ici la patte de la revue Progressistes : articuler les sciences et techniques avec la politique.

Le plan climat Empreinte 2050 couvre l’ensemble du mix énergétique, en présentant le détail des moyens financiers et des pouvoirs politiques à se donner : place du service public, de l’emploi, de la formation, de la recherche, des moyens pour la réindustrialisation. C’est donc un véritable programme politique, aux antipodes des logiques capitalistes d’aujourd’hui, décrivant un processus qui se fera à partir des territoires et avec les travailleurs.

Une simulation complète et transversale

Il y est prévu que les émissions territoriales de la France soient divisées au moins par 7,5 et que tous les secteurs réduisent leur contribution. L’agriculture sera le principal émetteur en 2050, ses émissions devront donc être compensées. La baisse des émissions françaises suivra une forte accélération d’ici à 2030 pour atteindre moins 6 % par an.

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La limitation des gisements de biomasse imposera une électrification considérablement accrue. La part de l’électricité dans la consommation d’énergie finale progressera de 24 à 72 %, la consommation d’énergie finale baissera de 43 %. Une telle politique pourrait réduire l’empreinte carbone cumulée de la France de 900 Mt CO2 d’ici à 2050.

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La consommation d’électricité atteindra 695 TWh en 2035 et 970 TWh en 2050… soit 55 TWh par an de plus que les prévisions les plus hautes du dernier bilan prévisionnel de RTE pour 2035. Pour cela, sont nécessaires le développement des renouvelables, principalement par le solaire et l’éolien en mer, ainsi que celui du nucléaire avec 20 EPR de 2ᵉ génération après 2035 et 12 SMR.

Cette transformation passe par des nationalisations et la création de pôles publics forts, autour de la SNCF pour les transports et d’EDF pour l’énergie : développer le fret et des transports gratuits pour les usagers, des bus jusqu’aux Intercités, et proposer une électricité moins chère et décarbonée.

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Atteindre la neutralité carbone en 2050 nécessite de compenser toutes les émissions de gaz à effet de serre par des puits de carbone à cet horizon. En France, ce sont les forêts et, dans une moindre mesure, les prairies qui remplissent cette fonction. La préservation de ces espaces naturels est essentielle à l’atteinte des objectifs climatiques, outre l’intérêt qu’ils présentent pour la diversité biologique.

Depuis 2015, les puits de carbone forestier s’effondrent dans notre pays en raison d’une hausse de la mortalité forestière, due aux sécheresses, aux vagues de chaleur et aux maladies. Ainsi, les forêts françaises qui stockaient 60 Mt CO2éq par an en 2014 n’en stockaient plus que 27,6 en 2022.

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Il sera possible de rétablir le puits de carbone forestier à 64 Mt CO2éq par an d’ici 2050. Atteindre un tel niveau de stockage particulièrement ambitieux, malgré la hausse prévisible de la mortalité forestière, n’est possible qu’au prix d’efforts considérables. L’effort le plus important est une économie de la ressource en bois, notamment pour la production d’énergie. Ce faisant, le recours au bois-énergie devrait progressivement baisser de 60 %.

Cet effort sera complété par une très forte expansion forestière (notamment en agroforesterie), permise par l’évolution de la production agricole. Au total, le secteur utilisation des terres, changement d’affectation des terres et foresteries (UTCATF) stockera 57 Mt CO2éq par an en 2050, contre 16,9 Mt CO2éq par an en 2022.

Les services publics, piliers des politiques climatiques

Les services publics sont au cœur de ce plan Empreinte 2050, indispensables moyens d’actions et de mise en place des réformes nécessaires, seule véritable richesse de celles et ceux qui n’ont d’autre protection que la sécurité collective. En plus d’une meilleure rémunération, il est prévu de créer un demi-million de postes dans la fonction publique et les services publics, prioritairement pour les jeunes, avec davantage d’offres réservées aux personnes handicapés.

Il y est prévu un plan d’investissement afin de déployer dans l’enseignement supérieur des filières pour les nouveaux métiers de la transition écologique et de la rénovation énergétique. Cinq sites en France ainsi que six nouvelles universités seront implantés, en capacité de diplômer 2 000 professionnels par an. L’accent sera mis sur les métiers de la rénovation thermique et énergétique des bâtiments, sur l’emploi dans le milieu agricole, partant du CAP jusqu’au bac +5.

Toutes ces réformes reposent sur la création d’un ensemble de pôles publics, véritable matrice de cette révolution. Le pôle public rassemble l’opérateur de service public et les entreprises industrielles publiques, il organise la coopération entre elles et la co-élaboration des politiques industrielles. Le pôle public vise à assurer la capacité de l’opérateur final à délivrer un service et coordonne des politiques de filières à cette fin. La planification écologique et climatique devient alors le produit d’institutions démocratiques définissant les objectifs au service desquels sont investies les ressources.

Le pilotage d’ensemble se fait par quatre outils :

1. La propriété publique, en commençant par les monopoles de réseau, les entreprises stratégiques et les entreprises nécessaires mais non rentables.

2. Le caractère public d’une part croissante du financement par la mise en place à tous les niveaux de fonds publics pilotés par des conférences pour l’emploi, la formation, la transformation écologique, sur lesquels les travailleuses et travailleurs ont un droit de tirage (à travers leurs comités d’entreprise).

3. La mise en place de critères écologiques et sociaux pour le financement bancaire, dont une part conséquente sera nationalisée et qui permettront d’orienter les décisions des entreprises privées.

4. La commande publique par les grands opérateurs de service public, élaborée selon les mêmes critères écologiques et sociaux de manière démocratique en associant usagères et usagers, et élus locaux.

Certains pôles publics ont été évoqués précédemment, mais d’autres seront également conçus. Nous pouvons les détailler ainsi :

  • Un pôle public bancaire et financier : par la nationalisation à 100 % des banques françaises et compagnies d’assurances privées, octroyant des prêts à 0 %, voire à taux négatif, sur les investissements énergétiques publics et les infrastructures publiques de transport décarbonés (à rebours de l’orientation libérale de l’UE). À la sélectivité actuelle du crédit qui relève d’une utilisation parasitaire de la création monétaire pour alimenter la suraccumulation financière, le PCF oppose un système de financement qui permet et encourage l’évolution des productions et des compétences en consacrant la création monétaire au développement massif des services publics, notamment ceux chargés de la planification économique et environnementale.
  • Un pôle public d’investissement dédié à la réindustrialisation et à la décarbonation de l’industrie sera créé. L’objectif est d’équilibrer la balance commerciale de la France dans presque tous les secteurs.
  • Un pôle public du transport, assurant la complémentarité entre les modes de transport, avec une SNCF réunifiée, renforcée, publique, et l’extension de la maîtrise publique aux lieux d’interface que sont les gares, les pôles d’échanges multimodaux pour les voyageurs mais aussi, côté fret, pour les ports et les plateformes rail-route.
  • Un pôle public de l’énergie et de la performance énergétique, pour le déploiement accéléré de nouvelles capacités renouvelables : dépasser les 100 GW de photovoltaïque installés fin 2035 et stabiliser cette capacité à 178 GW en 2045 (contre 16 GW début 2023), atteindre les 53 GW d’éolien terrestre (contre 20 GW fin 2022), les 19,5 GW d’éolien en mer posé et 13,8 GW d’éolien en mer flottant d’ici 2045 (contre 480 MW actuellement avec le parc posé de Saint-Nazaire), et augmenter la capacité hydraulique d’1 GW d’ici 2035, pour ajouter 1 GW supplémentaire entre 2035 et 2050.
    Également un grand programme nucléaire, avec la prolongation des réacteurs historiques jusqu’à 60 ans (actuellement 61,3 GW), voire davantage : s’appuyant sur l’exemple des États-Unis, certains experts évoquent une possibilité de poursuivre l’exploitation jusqu’à 80 années, en attendant la construction de 20 EPR2 et 12 SMR d’ici 2050, pour un total de 84 GW.
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L’urgence est là depuis des décennies. Planifier pour moins subir le changement climatique, c’est ce qui s’impose à l’humanité. L’immense travail du GIEC, inestimable synthèse des travaux de scientifiques du monde entier, nous a alertés sur la gravité des conséquences de ce changement. Le plan climat, Empreinte 2050, constitue à ce jour pour la France le plan le plus abouti pour changer la société, à rebours des diktats actuels du capitalisme et de l’impérialisme, il présente une planification au service du climat et de l’humain, qui n’aboutira qu’avec l’appui de la classe travailleuse.


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