Il y a 20 ans, l’impérialisme américain détruisait l’Irak

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Il y a 20 ans, l’impérialisme américain détruisait l’Irak

Le 20 mars 2003, à 3 h 35 du matin, les premières frappes américaines touchaient l’Irak. 

Elles faisaient suite à l’Ultimatum lancé par le président George W. Bush la veille et annonçaient l’invasion du pays. Le régime de Saddam Hussein était alors accusé par les États-Unis de soutenir le terrorisme et de fabriquer des armes de destructions massives. 

20 ans plus tard, si nous savons qu’il n’en était rien, le pays ne s’est toujours pas remis de l’intervention américaine.

Pour justifier leur intervention aux yeux du monde, les États-Unis n’ont pas hésité à mentir éhontément à l’assemblée des Nations unies. La photo de Collin Powell tenant une fiole prétendument remplie d’Anthrax est restée un symbole de mensonge d’État. En réalité, si l’Irak possédait des armes chimiques, elle ne disposait pas d’armes de destruction massive comme l’ont prétendu les services secrets américains. Le régime baasiste de Saddam Hussein ne finançait pas non plus les terroristes d’al-Qaïda.

L’invasion de l’Irak était en réalité, un moyen pour les Américains de mettre en place un gouvernement plus favorable à leurs intérêts, d’évincer leurs rivaux russes et chinois dans la région et de contrôler l’accès au pétrole irakien. 

Plusieurs stratèges de l’administration Bush entretenaient des liens étroits avec l’industrie pétrolière. Le vice-président Dick Cheney, ancien président d’Halliburton, assurera ainsi au géant de l’équipement pétrolier de mirobolants contrats. Alan Greenspan, ancien directeur de la réserve fédérale, affirme dans son ouvrage Le Temps des turbulences paru en 2007 : « ce que tout le monde sait : l’un des grands enjeux de la guerre d’Irak était le pétrole ».

Un désastre pour le peuple irakien

Cette guerre permit certes de mettre fin à la tyrannie de Saddam Hussein. Rappelons que cet officier est arrivé au pouvoir par un coup d’État, que son régime s’est illustré par la répression du mouvement ouvrier et du Parti communiste irakien. Ainsi que par des guerres absurdes déclenchées contre ses voisins. Qu’il s’agisse de la guerre Iran-Irak ou de la guerre contre le Koweït. 

Cependant le prix à payer fut très lourd pour le peuple irakien, pendant plus de huit longues années. L’intervention américaine fit entre 100 000 et 1 million de morts, d’actes de violence directe aux conséquences humanitaires de la guerre. La guerre a également provoqué l’exil de millions d’Irakiens.

Le système scolaire et le système de santé furent anéantis. Les divisions ethniques et religieuses entre Kurdes, chiites et sunnites furent exacerbées. C’est en grande partie sur le ressentiment sunnite que l’État islamique s’appuya pour progresser en Irak.

Les États-Unis ont agi sans aucun mandat de l’ONU et même en violation du droit international, faisant le choix de la force brute d’une guerre de prédation. Aujourd’hui aucun responsable américain n’a été jugé pour l’invasion et les crimes de guerre commis en Irak.

Le pays est aujourd’hui en ruine. Le départ des troupes américaines en 2011 s’est suivi d’une guerre civile qui ne s’est achevée qu’avec la chute des derniers bastions de l’État islamique en 2019.

Divisé, rongé par la corruption et la pauvreté, soumis à l’influence des impérialistes régionaux (Iran, Turquie) et internationaux, sujet régulièrement à de violentes révoltes, le pays semble bien loin de l’idéal démocratique promis par les États-Unis. 

Victime de la rapacité d’un impérialisme américain tout puissant au lendemain de la guerre froide, le cas de l’Irak aurait dû nous vacciner contre les mensonge d’État et les prétendues « guerres humanitaires ». Il n’en fut rien. 10 ans plus tard, la France et le Royaume-Uni s’attaquaient à la Libye du Colonel Kadhafi dans des conditions très proches.


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