La ligne Paris-Clermont, vilain petit canard de la SNCF 

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La ligne Paris-Clermont, vilain petit canard de la SNCF 

Début décembre, la CGT cheminots du Puy-de-Dôme mettait en garde contre de potentielles suppressions de liaison entre Paris et Clermont-Ferrand, en raison du manque de personnel pour garantir la maintenance du matériel vieillissant. 

Sur cette ligne où les usagers sont habitués aux retards, aux annulations et au confort d’un autre temps, l’État et la direction de la SNCF ne semblent pas envisager de solutions satisfaisantes à court terme.

Pourtant, le 14 décembre se tenait un comité de suivi des dessertes de la ligne Paris-Clermont-Ferrand, en présence du ministre des Transports Clément Beaune. Loin d’être surprenantes, les annonces qui en ont résulté ne pavent pas la voie à une amélioration significative de la situation.

Paris-Clermont, portrait d’une ligne malade

Si les voyageurs auvergnats ont renoncé à croire qu’un jour les TGV feront partie du paysage, ils espèrent toutefois qu’à l’avenir, ils pourront compter sur un service à la hauteur des prix. 

Que ce soit le vieux matériel roulant à bout de force, le personnel en nombre insuffisant, ou encore les aléas externes, les liaisons entre Paris et Clermont-Ferrand sont quasiment toujours victimes d’un terrible sort. 

Ce mois-ci, c’est finalement un fâcheux mélange de quelques-unes de ces raisons que la CGT a dénoncé. Les locomotives BB 26000, en service depuis la fin des années 80 et dont les carrières se comptent en millions de kilomètres, commencent à poser de sérieux problèmes de fiabilité. Le syndicat déplore le manque cruel d’opérateurs de maintenance pour que celles que l’on surnomme tendrement “sybic” puisse continuer à rouler. 

Pourtant, des solutions existent. La CGT cheminots de Clermont pointe du doigt l’existence d’un matériel inutilisé, bien que fonctionnel et en abondance dans les gares de triage. À Sotteville-lès-Rouen, ce sont des milliers de locomotives qui gisent au grand air, aux dépens de leur état qui permettrait une remise en service là où les besoins sont connus.

Hélas, la division du groupe SNCF en plusieurs sociétés anonymes empêche la bonne conjugaison du travail des unes et des autres, laissant les usagers du Clermont-Paris bien loin de la bordure du quai. Néanmoins, la conjoncture défavorable de cette fin d’année n’immunise pas contre les complications structurelles de la ligne.

Aux problèmes causés par les locomotives s’ajoutent régulièrement les suicides sur les voies (très récurrents en région parisienne), les “bri de barrière” mais aussi les sangliers. Ce mardi 19 décembre, le train Intercités parti de Paris à 18 h 57 a percuté un de ces animaux près de Cosne-Cours-sur-Loire. Il est arrivé à Clermont-Ferrand à 3h27 du matin au lieu de 22h27, et la machine, endommagée au niveau du chasse-pierres, s’est immédiatement dirigée vers les ateliers de maintenance…

Des solutions ni proches, ni radieuses 

Le renouvellement tant attendu du matériel ne devrait pas intervenir avant 2025, voire 2026. Les nouvelles rames automotrices “Oxygènes” commandées par la SNCF au constructeur espagnol CAF sont toujours en cours de construction. Leur déploiement tardif oblige la société nationale à composer avec les trains actuels pendant au moins 2 à 3 ans supplémentaires. 

Si l’arrivée de ces nouveaux trains permettra vraisemblablement une nette amélioration du confort voyageur, il n’en va pas de même pour le temps de trajet. Même si Clément Beaune a rappelé lors du comité de suivi des dessertes de la ligne que l’État allait investir 17,4 millions pour la modernisation des installations électriques, le nouveau matériel ne circulera pas plus vite que l’actuel, c’est-à-dire à 200 km/h sur les sillons les plus rapides.

De plus, à moins que les sangliers soient trop impressionnés par les rames “Oxygènes” pour se jeter dessous, ces incidents risquent de se poursuivre tant que les abords de la voie ne seront pas protégés. 

Aussi, la cadence infernale des circulations sur le réseau francilien ne pardonne pas. Le moindre problème sur un train affecte en conséquence tous les autres. La gare de Paris Bercy, destination du Clermont-Paris, sera sujette à des travaux, à l’horizon 2032 seulement, pour désengorger le trafic. 

Pour l’heure, les usagers de la ligne n’ont pas vraiment de quoi dormir sur leurs deux oreilles. Au-delà de cette période de forte affluence, le dénouement de la mauvaise gestion de la ligne laisse à désirer. La décision a été prise de disposer une locomotive de secours en gare de Nevers, à mi-chemin entre Clermont-Ferrand et Paris, si une en service venait à rencontrer des problèmes. Le ministre des Transports a également annoncé le gel des tarifs pour 2024, espérant sans doute couper l’herbe sous le pied aux doléances des voyageurs, qui ont encore malgré tout des chances de se faire entendre longtemps.


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