Pass rail : une annonce en grande pompe qui ne tient pas ses promesses

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Pass rail : une annonce en grande pompe qui ne tient pas ses promesses

C’est au terme de longues négociations entre l’État et les régions que le ministre délégué aux Transports, Patrice Vergriete, annonçait le 3 avril dernier la mise en place du “pass rail” à l’été 2024. Promis par l’ancien ministre Clément Beaune, c’est finalement une version aseptisée du projet initial qui sera expérimentée en juillet et en août prochain.

Le “pass rail” se devait d’être une imitation du Deutschlandticket, qui permet à tous les usagers allemands d’accéder aux trains régionaux, de banlieue (S-Bahn), et aux transports urbains publics pour un tarif unique de 49 € par mois.

Clément Beaune avait par ailleurs assuré que l’État mettrait la main à la poche pour aider les régions qui paient la plus grande partie des trains express régionaux (TER). Au total, le projet coûtait dans les 3 milliards d’euros par an, un chiffre repoussant aux yeux de certains présidents de régions, qui souhaitent que l’État prenne l’intégralité des coûts à sa charge.

L’expérimentation annoncée par Patrice Vergriete apparaît de fait bien moins ambitieuse. Elle se limitera à quelque 700 000 jeunes de moins de 27 ans et aux seuls mois de juillet et août. Il permettra d’accéder aux TER et aux Intercités de manière illimitée sur la période.

Toutefois, la région Île-de-France est exclue du dispositif pour des “raisons techniques”, selon sa présidente, qui angoisse à l’idée de cumuler le “pass rail” à la fréquentation record qu’attendront les transports franciliens pendant les Jeux olympiques. Les transports urbains ne seront pas non plus de la partie, en raison de la pénibilité qu’implique la création d’une tarification unique.

Ainsi, ce premier jet du “pass rail” doit être regardé avec prudence. Les fonds débloqués ne doivent pas détourner les régions des dépenses qu’elles devront continuer à faire pour l’entretien du réseau. Même si l’annonce de Patrice Vergriete constitue un premier pas vers le billet unique, le chemin à parcourir est encore long.

C’est une politique d’ampleur nationale qui est requise pour permettre au train de s’imposer comme le mode de transport central qu’il doit être. Des investissements massifs seront nécessaires sur tous les fronts pour mener les chantiers d’envergure que le rail exige pour gagner en compétitivité dans le secteur des mobilités.

En attendant, les jeunes pourront profiter de leur été pour voir du pays. Bien qu’incomplet, le “pass rail” tel que prévu offre un relatif panel de destinations à un prix, il faut le dire, largement plus avantageux que ceux dont on a donné l’habitude.

Il n’y a plus qu’à espérer que cela ne soit que la première étape, avant d’étendre, et de généraliser le dispositif à l’ensemble de la population.


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