AME : que la bêtise ne l’emporte pas

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AME : que la bêtise ne l’emporte pas

Mardi 7 novembre au soir, en réécrivant l’article 1er, le Sénat et sa majorité de droite ont voté la suppression de l’Aide Médicale d’État. Ce dispositif permet aux personnes en situation irrégulière, sans ressource, et donc souvent vulnérables, d’avoir accès aux soins. 

Pour bénéficier de l’AME, il faut remplir un dossier en justifiant de son identité, son domicile, prouver ne pas dépasser 800 € de ressources mensuelles, et prouver une présence sur le territoire supérieure à trois mois. Cette complexité fait que l’AME n’est pas demandée par la moitié des personnes qui pourrait y avoir droit. On est loin du fameux “appel d’air” dénoncé par la droite pour attaquer le dispositif. 

Qui peut croire que celles et ceux qui fuient les guerres, la misère, qui veulent rejoindre leur famille ou venir étudier en France, le font pour l’AME ? Qui peut croire que priver de soins des personnes sur le territoire va améliorer la santé publique ? Qui peut croire que laisser se dégrader les maladies et soigner dans l’urgence va coûter moins cher que prévenir et prendre en charge tôt ? En réalité, personne ne croit ça. 

Si la droite supprime l’AME, c’est uniquement pour plaire à son électorat. C’est uniquement un calcul politicien avec 2027 en ligne de mire, pour montrer à la France que LR est plus à droite que la macronie. Comprenons l’embarras des Républicains. Comment faire semblant d’être dans l’opposition quand on partage, à quelques légères nuances près, les ambitions économiques et la politique sociétale du gouvernement ? La seule solution est de jouer la surenchère droitière jusqu’à tomber dans l’outrance et la bêtise. C’est le choix que fait LR. 

La manière dont on traite les exilés dit en creux quelque chose sur nous-même. La question qui se pose à nous est : quelle humanité nous défendons ? Dans quel monde voulons-nous vivre ? Ces questions, et les êtres humains qu’il y a derrière, méritent mieux qu’un calcul électoral. Que la bêtise et la petite politique ne l’emportent pas sur l’intelligence collective.


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