Feux de forêts cet été : où va-t-on ?

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Feux de forêts cet été : où va-t-on ?

Si l’été évoque souvent vacances, amis et apéros en terrasse, il rime aussi, pour de nombreux Français, avec restrictions et dangers. Chaleurs extrêmes, sécheresses et incendies provoquent chaque année victimes et dégâts matériels.

Depuis plusieurs années, les records de température s’enchaînent, des régions jusque-là épargnées connaissent des incendies, et des cours d’eau s’assèchent. Les effets du changement climatique se font désormais sentir directement sur la population.

L’été 2022 avait déjà été marqué par des chaleurs records : +2,7°C par rapport à la période 1961–1990, un déficit pluviométrique de 22 %, et des événements inhabituels, comme 30 hectares de landes brûlées dans la Hague, en Normandie. Cette année, le mois de juin a été le plus chaud jamais enregistré. En juillet, les incendies ont ravagé près de 3 400 hectares dans le Finistère, l’Ille-et-Vilaine, autour de Narbonne, Marseille et dans le Gard, faisant une centaine de blessés. À cela s’ajoutent sécheresse et assecs dans le Cantal ou en Charente.

Des impacts multiples et une menace croissante

Les aléas estivaux frappent durement écosystèmes et populations. Les sécheresses entraînent des restrictions d’eau, voire des assecs qui bouleversent les milieux aquatiques. Les incendies détruisent forêts, cultures, habitats, et perturbent les axes de communication. Les fortes chaleurs menacent particulièrement personnes âgées, enfants et faune.

Ces phénomènes sont aggravés par l’artificialisation des sols, l’endiguement des cours d’eau et l’assèchement des zones humides, qui limitent la recharge des nappes phréatiques. Les incendies, eux, sont facilités par les sécheresses, la chaleur et certaines pratiques forestières (forêts monospécifiques, zones très fréquentées).

Selon un rapport dirigé par Météo France en 2011, les sécheresses devraient s’intensifier et s’étendre géographiquement à partir de 2050. Les projections d’Hélène Fargeon confirment un accroissement du risque d’incendie en Méditerranée, mais aussi, probablement, dans le Nord et l’Ouest. Les surfaces brûlées en été continueront donc d’augmenter.

Une prévention fragilisée

Face à ce constat, les récentes décisions du gouvernement vont à rebours des besoins. Le budget consacré à la prévention et au suivi du climat recule depuis 2013, fragilisant Météo France, le BRGM, les agences de l’eau et les syndicats de bassin.

Par ailleurs, les politiques actuelles ne participent pas à freiner l’artificialisation des sols. La loi Trace, votée au Sénat en mars, assouplit les limites imposées par la loi Climat et Résilience à l’urbanisation. Or, bétonisation et méga-bassines favorisent le ruissellement et empêchent l’infiltration de l’eau, aggravant la sécheresse.

À l’heure où les risques estivaux vont toucher des régions peu préparées, l’urgence d’investir dans la formation des secours et les moyens de prévention est durement ressenti.


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