Colonisation en Cisjordanie : Israël accélère pour empêcher toute solution politique

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Colonisation en Cisjordanie : Israël accélère pour empêcher toute solution politique

Le 20 août 2025, alors que les bombardements sur la bande de Gaza continuent de faire rage, le gouvernement israélien a annoncé un accord concernant un large plan de colonisation de la Cisjordanie. Précédée par une motion analogue de la Knesset le 25 juillet et par l’annonce d’une occupation durable de la bande de Gaza le 8 août, cette décision s’inscrit dans une politique de colonisation toujours plus intense que subit le territoire cisjordanien depuis la guerre des Six Jours de 1967.

La Cisjordanie, cœur de l’État de Palestine

Située sur la rive ouest du fleuve Jourdain dont elle tire son nom, la région compte de nombreuses villes palestiniennes, telles que Ramallah, Jéricho ou encore Hébron, ainsi que de vastes territoires fertiles cultivés par les populations locales depuis des siècles.

La résolution 242 du Conseil de sécurité de l’ONU fait de la Cisjordanie le cœur d’un futur État de Palestine : aux côtés de la bande de Gaza et de Jérusalem-Est, elle représente la majeure partie du territoire internationalement reconnu comme appartenant au peuple palestinien. Cette situation n’a pas empêché Israël de mener dès 1967 une politique de colonisation de la région. Dès les premières années de l’occupation de la Cisjordanie, l’armée israélienne met en place une série d’avant-postes traversant le territoire, auxquels s’ajoutent bientôt des colonies civiles. Souvent à l’initiative de groupes messianiques et fondamentalistes rêvant d’une « Judée-Samarie » israélienne, ces colonies n’ont cessé de se renforcer avec le soutien de larges pans du champ politique israélien.

Des colonies illégales au service d’une politique d’expansion

Véritables zones extirpées de tout cadre légal, les colonies israéliennes se construisent systématiquement aux dépens des populations palestiniennes cloisonnées, brutalisées par Tsahal et des groupes de colons armés, et souvent expropriées. Le récent cas de la ferme Hakoritna, symbole de la résilience palestinienne dont la destruction est prévue d’ici septembre, rappelle encore une fois une violence visant à parquer les Palestiniens dans des territoires toujours plus réduits, à les pousser à l’exode quand ils ne sont tout simplement pas éliminés.

Le projet « E1 » du 20 août vient donc entériner cette situation avec l’annonce de près de 3 412 nouveaux logements à l’est de Jérusalem, visant à intensifier le morcellement de la région.

Un projet pour empêcher tout État palestinien viable

Il faut dire que pour Israël, l’heure est venue de briser toute possibilité d’un État palestinien viable : alors que plusieurs États occidentaux commencent à envisager la reconnaissance d’un État de Palestine, le gouvernement Netanyahou entend rendre cette perspective infaisable en actant une colonisation définitive de territoires parfois sous le contrôle de l’Autorité palestinienne depuis les accords d’Oslo I et II à la fin des années 1990.

Cette fuite en avant de l’État d’Israël poursuit sa marginalisation en dehors du centre occidental : tandis que les condamnations gouvernementales se multiplient, la timide normalisation internationale d’Israël initiée dans les années 2000 semble se complexifier.

Pour les Palestiniens, l’avenir continue cependant de s’assombrir : en plus d’une bande de Gaza rasée et sous occupation militaire, ceux-ci doivent composer avec une colonisation durable qui s’intensifie à leurs dépens et leur refuse toute possibilité de bâtir un État viable.

Cette perspective terrible pour le peuple de Palestine n’est pourtant pas une fatalité : derrière cette accélération de la colonisation, Israël a plus que jamais besoin du soutien de ses partenaires occidentaux et de leurs investissements économiques et militaires. Si le gouvernement d’extrême droite de Netanyahou cherche aujourd’hui à saisir une occasion historique pour « en finir avec la création d’un éventuel État palestinien », il se sait fragilisé internationalement, y compris dans de larges pans des populations de ses alliés les plus indispensables.


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