Brésil : grève générale historique contre l’offensive néolibérale

publié le dans
Brésil : grève générale historique contre l’offensive néolibérale

Le vendredi 28 avril 2017 restera longtemps gravé dans la mémoire sociale du Brésil. Ce jour-là, le pays a connu la plus grande grève générale de son Histoire. Convoquée par les principales centrales syndicales, de nombreuses organisations sociales et populaires, mais également par l’Église catholique et plusieurs Églises évangéliques, la grève aura mobilisé plus de 40 millions de personnes pour la défense des droits sociaux et de la démocratie.

Une mobilisation nationale historique

Dès les premières heures de la journée, piquets de grève et barrages – souvent réalisés par des commandos mobiles – ont paralysé les principales villes du pays. Ainsi Rio de Janeiro, où aéroports, ponts et grandes artères ont été bloqués. Les transports ont été parmi les secteurs les plus mobilisés, aux côtés des professeurs, des salariés de la banque, de l’électricité, de la métallurgie, du pétrole, mais aussi du petit commerce.

Parallèlement à ces actions, des manifestations ont eu lieu, comme à Curitiba (30 000 personnes), Belém (50 000) ou encore São Paulo, où 70 000 personnes se sont rassemblées avant de se diriger vers la maison du président illégitime Michel Temer, avant d’être violemment dispersés par la police.

Contrer l’offensive néolibérale du gouvernement illégitime

Car c’est bien contre la politique menée par le gouvernement actuel, issu du putsch parlementaire réalisé en août dernier contre la présidente légitime Dilma Rousseff, que la grève a été organisée. Depuis son arrivée au pouvoir, sans mandat populaire, Temer et ses alliés cherchent en effet à imposer un programme néolibéral brutal, afin de détruire les conquêtes sociales et de rétablir les intérêts de la grande bourgeoisie.

Une réforme qualifiée d’ « erreur historique » par Philip Alston, rapporteur spécial de l’ONU sur l’extrême pauvreté et les droits de l’Homme.

Les principales mesures de cette offensive rétrograde sont la dérégulation du recours à la sous-traitance et à l’externalisation pour les entreprises et les administrations privées et publics (ce qui précarise les emplois et permet de contourner les conventions collectives) et le gel des dépenses publiques pour une durée de vingt ans, y compris celles de santé, d’éducation et celles dédiées aux programmes sociaux. Une réforme qualifiée d’ « erreur historique » par Philip Alston, rapporteur spécial de l’ONU sur l’extrême pauvreté et les droits de l’Homme.

Comme si tout cela ne suffisait pas, la Chambre des députés approuvait quelques jours avant la grève, le 26 avril, un projet de réforme du droit du travail, tandis que le gouvernement prépare activement une attaque contre les retraites.

Pas étonnant dans ces conditions que l’une des demandes des grévistes soit le départ de Temer – dont la cote d’impopularité dépasse les 90% – et la tenue immédiate d’élections générales.

Une expérience précieuse pour l’avenir

Plus forte que la répression violente de la police, que les menaces des patrons et des autorités et que la désinformation des grands médias, la grève du 28 marque une étape déterminante dans la lutte du peuple brésilien, un siècle après la grande grève de 1917 qui dura 28 jours.

Pour Adilson Araújo, président de la Centrale des travailleurs et travailleuses du Brésil (CTB) :

« Le message des centrales syndicales est que la classe travailleuse peut arrêter le Brésil si ce gouvernement continue à avancer sur les droits des travailleurs et travailleuses »

Roberto Amaral, ancien ministre et dirigeant socialiste, souligne, lui, que la grève, bien que visant à défendre les intérêts objectifs des salariés, était également une grève politique, bénéficiant d’un large soutien populaire. S’est ainsi produite « la transition de la revendication économique corporative vers l’affirmation politique », ce qui constitue un « saut qualitatif » permettant de changer le rapport de forces dans le pays.

Un constat partagé par Haroldo Lima, député fédéral du Parti communiste du Brésil (PCdoB) :

« C’est la grande révélation du 28 avril dernier. Notre peuple a trouvé les chemins pour mobiliser de larges couches sociales, et l’a fait avec décision et maîtrise. Il sera très important de sauvegarder cette formule qui a permis de faire agir des forces puissantes, des mouvements importants, puissants, nationaux, capables d’affronter la réaction insolente qui grandit dans notre pays, osant assez pour vouloir liquider les conquêtes que nous avons acquises avec beaucoup d’efforts par le passé »

« Un peuple est fort et respecté quand il a la capacité de se mobiliser face à de grandes questions »

« Un peuple est fort et respecté quand il a la capacité de se mobiliser face à de grandes questions ». C’est ce que le peuple brésilien a démontré vendredi dernier.


Édition hebdomadaire

Mêmes rubriques