Colonisation en Palestine : à qui profite le crime ?

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Colonisation en Palestine : à qui profite le crime ?

Depuis plusieurs années, les entreprises françaises et européennes tirent profit de la colonisation en Palestine qui, rappelons-le, est un crime au regard du droit international. Le silence complice — voire coupable — de la France et de l’Union européenne est insoutenable.

Alors que les bombes continuent de pleuvoir sur Gaza, le gouvernement israélien poursuit et intensifie son entreprise de colonisation à Jérusalem-Est et en Cisjordanie occupée, déclenchant une vague de répression sans précédent. Avec plus de 300 Palestiniens tués par les tirs de l’armée israélienne et les attaques des colons, les violences atteignent un niveau sans précédent.

Pourtant, le gouvernement israélien bénéficie d’une immunité octroyée par le soutien tacite de pays et d’institutions impérialistes qui tirent profit de la colonisation. Sans grande surprise, la France et l’UE en font partie. À travers des accords commerciaux, l’une et l’autre cautionnent l’exportation illégale des richesses des colonies vers l’Europe. 

Si en 2016, la Commission européenne a pris la décision d’imposer l’étiquetage des produits issus des colonies, cette mesure est loin d’être satisfaisante. Au vu de l’illégalité des colonies israéliennes et au regard du droit international, la Commission européenne devrait interdire les transactions commerciales de l’UE avec les colonies dans les territoires occupés. 

Les quelques tentatives de l’UE pour respecter le droit international (et redorer son blason) sont donc loin d’être satisfaisantes. Il faut dire que les profits générés par l’importation dans l’Europe des produits originaires de colonies illégales ne sont pas anecdotiques : jusqu’à 350 millions de dollars américains par an, d’après le gouvernement israélien… 

Un crime lucratif

Le crime de colonisation remplit des poches, donc, et les sociétés françaises ne sont pas en reste. Celles-ci profitent allègrement de la situation, et de l’impunité tacite, en participant directement ou indirectement à l’implantation des colonies en Palestine.

Certaines entreprises, banques et assurances françaises investissent dans des entreprises qui participent activement au développement des colonies israéliennes de Cisjordanie et de Jérusalem-Est. 

Des géants français comme Carrefour, ainsi que des institutions financières telles qu’AXA, BNP Paribas, la Société Générale et le Crédit Agricole, sont impliqués dans ces pratiques illégales. À titre d’exemple, BNP Paribas investit 22,19 milliards de dollars dans les colonies. Carrefour, pour sa part, a signé un contrat avec les entreprises israéliennes, Electra consumer products et Yenot Bitan, pour l’ouverture de 150 magasins dont certains dans les territoires palestiniens occupés de Cisjordanie.

D’autres sociétés françaises participent directement à la colonisation. La construction et l’exploitation du réseau de tramway à Jérusalem est l’un des exemples les plus marquants de la responsabilité portée par les entreprises françaises et l’État français dans la colonisation en Palestine. Celui-ci relie Jérusalem-Ouest aux colonies implantées sur les terres palestiniennes de Jérusalem-Est. Un projet au service de l’annexion israélienne de Jérusalem-est, tout à fait illégal au regard du droit international, dans lequel plusieurs entreprises françaises sont impliquées. 

Suite à de vives polémiques, l’entreprise française Systra se retire du projet en 2018. Dans la foulée, Egis et Alstom, deux entreprises françaises à capitaux publics, annoncent également se retirer. Pourtant, en 2020, les Nations Unis publient un rapport contenant une base de données des entreprises impliquées dans des activités commerciales “qui maintiennent et facilitent l’implantation illégale de colonies israéliennes dans les territoires palestiniens occupés”. Le rapport identifie 112 entreprises impliquées dans une ou plusieurs de ces activités. En 2023, 15 entreprises sont retirées de la liste au motif qu’elles n’exercent plus une ou plusieurs de ces activités. Alstom et Egis, quant à elles, y sont toujours.

En dépit des annonces, les deux entreprises sont donc toujours impliquées dans le projet : Egis est toujours au centre de la conception du réseau de transport en tant qu’assistant général à maîtrise d’ouvrage. Alstom, quant à elle, est encore lié à l’exploitation de certaines lignes du tramway en tant que fournisseur de matériel roulant. 

L’État français porte une responsabilité particulièrement lourde dans le maintien de cette situation. De fait, il participe à la colonisation à travers des opérateurs à capitaux publics.

En finir avec le silence complice et l’impunité

Des mesures concrètes doivent être prises à l’encontre de ces sociétés françaises qui contribuent à la colonisation, afin de promouvoir la paix, la justice et le respect du droit international.

C’est pourquoi les Jeunes Communistes, partout en France, appellent l’État français et l’Union européenne à prendre des mesures immédiates et concrètes pour mettre fin à leur soutien économique aux colonies israéliennes en Palestine. Cela comprend l’examen et la modification des politiques commerciales qui encouragent de telles pratiques, ainsi que des sanctions à l’encontre des entreprises françaises et européennes impliquées dans la colonisation en Palestine. De plus, nous exigeons la cessation immédiate des investissements des entreprises, banques et assurances françaises et européennes dans les colonies israéliennes, et appelons à des sanctions financières en cas de non-conformité. 

Des actions seront organisées sur la base de ces revendications dans les semaines à venir.


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