COP 26 : financements, contributions nationales, “marché carbone”, en débats

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COP 26 : financements, contributions nationales, “marché carbone”, en débats

Créant de nombreux débats, la Conférence des Nations Unies sur le climat, qui se tient jusqu’au 12 novembre, doit néanmoins aboutir à des engagements internationaux urgents.

8 Français sur 10 estiment que l’action de la communauté internationale pour lutter contre le réchauffement climatique est un échec jusqu’à présent. La COP 26 montrera si elle permet aux Etats de prendre des engagements clairs, à la hauteur et de s’y tenir.

Il y a six ans, l’Accord de Paris fixait l’objectif de limiter le réchauffement climatique global en dessous de 1,5°C à la fin du siècle par rapport aux niveaux de température pré-industriels. Cela implique d’atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050, c’est-à-dire ne pas émettre plus de gaz à effet de serre (GES) que les puits de carbone (forêts, océans…) peuvent en absorber.

La trajectoire actuelle des émissions de GES conduit la température mondiale à 2,7°C d’augmentation, même en intégrant les stratégies nationales de réduction de ces émissions. En fait, celles-ci aboutissent au total à une augmentation de 16% des émissions de GES avant 2030.

“Nous sommes en train de creuser notre propre tombe”

António Guterres a ainsi interpellé les chefs d’Etat. Le secrétaire général de l’ONU a mis l’accent sur la fin de l’addiction aux énergies fossiles. Ces dernières représentent les trois quarts des émissions de GES. 

L’Accord de Paris n’avait pas permis de contraindre les Etats à réduire la production du pétrole, du gaz et du charbon, alors que son respect implique une réduction de 45% des GES avant 2030.

Dans son discours, António Guterres a rappelé les engagements financiers pour les pays les plus vulnérables, pris il y a six ans. Il s’agit de 100 milliards de dollars par an jusqu’en 2025 pour les pays en développement, afin de leur permettre d’utiliser les énergies décarbonées et les aider à s’adapter aux conséquences des changements climatiques. 

Cet engagement n’a pas été tenu. Les pays développés ont versé davantage de prêts que de véritables aides financières. De plus, il s’agit selon l’ONU de consacrer la moitié de l’argent à l’adaptation au dérèglement climatique, ce qui passe par des activités moins profitables pour les investisseurs que la production d’énergie.

Les pays destinataires des 100 milliards de dollars sont ceux qui ont le moins contribué au réchauffement climatique mais qui en subissent le plus les conséquences. Le continent africain illustre parfaitement cette injustice : un réchauffement climatique régional prévu de 4 à 5°C pour à peine 4% des émissions mondiales de GES. Les pays du G20 sont d’ailleurs responsables d’environ 80% des émissions de GES.

“Le leadership exige l’exemplarité”

A Glasgow, Emmanuel Macron a appelé les économies développées à payer leur part. Une manière de se démarquer des grands pays émetteurs lors de la COP 26 et de se poser en meneur. Il a regretté le “doute” de “certains qui ont voulu quitter” l’Accord de Paris. Sans le dire, ce sont les Etats-Unis qui sont visés, sortis sous Donald Trump puis revenus.

Le président de la République a mis l’accent sur les stratégies nationales permettant de tenir l’objectif de l’Accord et de le “crédibiliser”. Il a appelé les pays les plus émetteurs à réhausser leur stratégie nationale. Lors du débat sur la loi Climat en France, les associations appelaient Emmanuel Macron à faire la même chose.

A ce titre, la comptabilité des tonnes de CO2 évitées fait débat. Pour évaluer sa réduction des émissions de GES, un pays compte ce qu’il émet et ce qu’il évite d’émettre en compensation (par exemple, grâce à la préservation d’une forêt). Les pays et les entreprises peuvent s’échanger des crédits entrant en compte dans le calcul de leur bilan carbone. 

En clair, un pays industriellement développé finance des projets de réduction des émissions dans un pays en développement, ce qui lui évite de réduire effectivement ses émissions nationales. Il s’agit d’acheter un droit à polluer. Ce mécanisme appelé “marché carbone” est remis en cause par nombre d’acteurs lors de cette COP 26 et pourrait disparaître.


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