Deux semaines après le meurtre de Nahel

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Deux semaines après le meurtre de Nahel

Nahel Merzouk a été assassiné par un policier le 27 juin 2023. La colère s’est emparée des banlieues, elles ont pris feu. Le calme est revenu. Quelle sera la prochaine étape ? Probablement rien. Dramatique. 

Lorsqu’un événement révèle une crise profonde, il y a deux scénarios. La première possibilité est d’effleurer le problème, de l’isoler, le minimiser. Les solutions alors proposées tapent à côté, ne sont que de court terme, et un autre évènement fera de nouveau surgir le problème dans un futur proche. Le deuxième scénario est celui dans lequel nous sortons de la crise de manière collective, en tirant la République et son contrat social vers le haut. Pour cela, il faut un peu de volonté et de courage politique. Deux choses dont manque cruellement ce gouvernement. 

Le meurtre de Nahel et l’explosion qui a suivi dans les banlieues doivent nous forcer à penser une politique révolutionnaire à faire dans et avec les quartiers populaires. La situation doit également nous amener à transformer la police en profondeur. Les mesures concrètes ne manquent pas : création d’une police de proximité dotée de 30 000 fonctionnaires et ouverture d’un débat national sur le rôle et les missions de la police, abrogation de la loi de 2017 qui élargit la possibilité aux agents de police d’utiliser leur arme, recrutement de 25 000 magistrat·e·s, fonds d’urgence pour les associations œuvrant pour la jeunesse et les publics en difficulté, renforcement de la protection et du suivi des jeunes au sein et à l’issue du parcours d’Aide sociale à l’enfance, un emploi ou une formation qualifiante rémunérées pour chaque jeune… 

Sans mesures fortes, la situation restera telle qu’elle ou se dégradera. Qu’attendons-nous pour agir ? Pourtant, nous savons ce qu’il se passe dans les quartiers populaires. La culture avec le cinéma ou le rap nous en parle depuis 40 ans. Les sociologues ont suffisamment écrit sur le sujet pour remplir des bibliothèques. Maintenant, il faut des actes. Comment on parlera du début de l’été 2023 dans 10 ans ? Sans acte fort, on se souviendra du meurtre de Nahel comme d’un meurtre de plus. Sans acte fort, dans un contexte où la gauche est globalement inaudible, seul le RN sortira renforcé de la séquence.

Marx dit que l’Histoire se répète. La première fois comme une tragédie, la seconde fois comme une farce. Quand elle se répète indéfiniment, comment la qualifier ? 


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