Dynamitage du barrage républicain : la bourgeoisie préfère le fascisme à la gauche

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Dynamitage du barrage républicain : la bourgeoisie préfère le fascisme à la gauche

Plusieurs candidats et figures politiques qui ont bénéficié par le passé de la mise en place d’un front républicain contre l’extrême droite n’appellent pas aujourd’hui à voter pour la NUPES face au Rassemblement national, voire appelent à voter blanc. Analyse d’une compromission qui n’a rien d’une surprise.

Le barrage républicain subit une érosion continue depuis 2002. Jacques Chirac obtenait alors 82,21 % des suffrages face à Jean-Marie Le Pen. En 2022, Emmanuel Macron atteint difficilement les 58,54 % face à Marine Le Pen. Si les communistes ont pris leurs responsabilités en appelant à se saisir du seul bulletin disponible pour réduire autant que possible la propagation des idées fascistes, les doutes sur cette démarche ont été nombreux.

Configuration inédite pour les législatives

La percée de la NUPES, première nationalement en termes de suffrages aux législatives, s’est traduite dans une soixantaine de circonscriptions par l’élimination de LREM dès le premier tour, laissant le RN et la gauche rassemblée s’affronter pour le second. Pour la première fois depuis l’instauration du quinquennat, un président fraîchement élu à la présidentielle ne transforme pas facilement l’essai aux législatives qui suivent.

Ce résultat a entraîné un déferlement de déclarations mensongères au sujet de la NUPES. Si cette dernière ne porte pas le projet d’une société communiste, force est de constater qu’elle inquiète la bourgeoisie française, qui n’hésite pas à recourir aux plus viles manipulations pour disqualifier la gauche rassemblée.

Au point que, dans certaines circonscriptions, l’appel est passé de constituer un front républicain contre l’extrême gauche. Cette rhétorique doit nous inquiéter : LREM, qui a su faire la démonstration d’une vision dévoyée de la République, se permet de définir qui est républicain et qui ne l’est pas, pour maintenir sa majorité à l’Assemblée.

Ainsi, même si la France Insoumise, en n’appelant pas clairement à voter pour Emmanuel Macron au second tour de la présidentielle 2022, a participé à affaiblir la logique du front républicain, renvoyer NUPES et RN dos à dos revient à effacer des années de lutte contre le fascisme et à le banaliser dangereusement. 

« Plutôt Hitler que le Front populaire » ou pourquoi la gauche ne pas peut bénéficier du barrage républicain

Pour autant, cette configuration du débat politique n’a rien de surprenant. Si, faute de mouvement social d’ampleur, comparer la NUPES et le Front populaire n’est pas tout à fait exact historiquement, les choix politiques historiques demeurent : les capitalistes préfèrent toujours le fascisme à une gauche rassemblée en capacité de prendre le pouvoir. Comment l’expliquer ? Les militants communistes conçoivent l’engagement politique comme un combat dans un intérêt de classe et par là même, une réponse à la nécessité de refuser la dégradation de nos conditions de vie. Les vies de Macron, Darmanin ou Blanquer ne changeront pas fondamentalement si le RN venait à prendre le pouvoir : bourgeois, ils seraient avantagés par le système ; capitalistes, ils ne représenteraient aucune menace pour le fascisme. Au contraire, en tant que communistes, nous gardons en mémoire nos fusillés, nous savons donc que la moindre place laissée à l’extrême droite est une question de vie ou de mort. Face au pourrissement du débat, la tentation est grande de faire perdre LREM à ce jeu, quitte à ne pas aller voter. Malgré tout, prenons nos responsabilités et, une fois de plus, prenons un bulletin détesté pour nous préserver du bulletin mortellement destructeur.


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