Égalité femme-homme : carton rouge pour le spectacle vivant

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Égalité femme-homme : carton rouge pour le spectacle vivant

Dans la représentation commune que l’on se fait du spectacle vivant, les femmes sont omniprésentes. Et pour cause, elles sont majoritaires dans les options à l’école ou dans les formations spécifiques. Pourtant, lorsque l’on regarde de plus près le monde professionnel, le constat est très décevant. 

D’une part, la représentation de femme dans les directions des structures reste inférieure à 50 %, quels que soient les types d’établissements. 

Les mauvais élèves sont néanmoins les cinq théâtres nationaux (La Comédie-Française, l’Odéon-Théâtre de l’Europe, La Colline, le Théâtre national de Strasbourg, Chaillot) où aucune femme n’est en direction.  

Pour les structures se rapprochant des 50 %, notamment les centres dramatiques nationaux, l’égalité apparente est en réalité un trompe-l’œil bien organisé. Car qui dit direction dit budget, et le compte n’y est pas. 

Les femmes ont tendance à être mises en direction d’établissements moins dotés financièrement. Le développement de projets artistiques ambitieux, qui nécessitent des enveloppes budgétaires importantes, est donc freiné par le système de nomination des directions. Ce système souvent critiqué comme obsolète est marqué par des biais discriminatoires. 

Aussi, il est plus dur pour une femme artiste de monter financièrement son projet. En effet, seuls 36 % des aides de l’État sont versés à des femmes. Sans ces aides, il est très difficile de pouvoir faire avancer un projet, mais aussi de se structurer professionnellement. 

Les inégalités dans le spectacle vivant ne s’arrêtent pas aux budgets et aux directions. Elles irriguent l’ensemble des pôles de visibilité et notamment les programmations. 

« L’analyse des spectacles programmés durant la saison 2021/2022 montre que 42 % d’entre eux ont été mis en scène par des femmes, et seulement 31 % au titre d’autrices. », rapporte l’Observatoire de l’égalité entre femmes et hommes dans la culture et la communication. 

Les œuvres de femmes sont donc moins visibles que celles des hommes. La programmation de femmes metteuses en scène ou autrices devient un acte presque militant pour des directrices de lieux comme Julie Deliquet, directrice du Théâtre Gérard Philipe. 

Ainsi, c’est le système dans son ensemble qui crée un cercle vicieux d’invisibilisation du travail des femmes dans le monde du spectacle vivant. 

Si le milieu est en plein changement à ce niveau, les révélations de mee too théâtre ont bien montré que le travail était encore insuffisant. 

Les femmes ne doivent pas être des victimes du système mis en place, mais bien des actrices de ces transformations profondes du monde de la culture. 


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