“J’ai l’intime conviction qu’il est possible de faire reculer ce Gouvernement” A. Chassaigne

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“J’ai l’intime conviction qu’il est possible de faire reculer ce Gouvernement” A. Chassaigne

Entretien avec André Chassaigne président du groupe communiste à l’Assemblée Nationale. Auteur du livre Et maintenant Monsieur le Président ?, il revient avec nous sur les chantiers parlementaires de la rentrée.

Pourrais-tu revenir sur la première session parlementaire de la nouvelle législature ? l’action des députés du groupe GDR, l’ambiance et les conditions de travail etc. ?

André Chassaigne : Ce début de législature est pour le moins inquiétant. Il marque la volonté de présidentialiser à outrance des institutions politiques, celles de la Vème République, largement à bout de souffle. Le rouleau compresseur libéral s’est mis « En Marche ! ». Par la brutalité du calendrier parlementaire et du recours aux ordonnances, le Parlement est relégué au rang de caisse enregistreuse des désidératas jupitériens.

Bien évidemment, cette dérive autoritaire du néolibéralisme n’est pas acceptable pour les députés communistes et les membres du groupe GDR (Gauche Démocrate et Républicaine). Fidèles à nos convictions et aux engagements pris devant le peuple, nous avons farouchement combattu les premiers projets régressifs de la nouvelle majorité.

Loin de toute opposition spectaculaire, les camarades députés du groupe, majoritairement nouveaux parlementaires, ont très vite démultiplié les initiatives pour porter l’ambition d’un projet alternatif, progressif, social et écologique. Je suis particulièrement heureux et fier de présider un groupe rajeuni qui rayonne par son dynamisme et sa détermination.

Le paysage politique parlementaire ayant évolué avec l’élection de juin dernier, quelles sont les relations avec les autres groupes progressistes et notamment celui de la France insoumise ?

A.C : Incontestablement, les résultats électoraux ont marqué la victoire des libéraux et l’échec d’une gauche bien trop morcelée. Celle-ci doit se reconstruire et bâtir un projet capable de répondre aux aspirations populaires.

A l’Assemblée et au-delà, il y a urgence à converger, construire, faire bouger les lignes, démultiplier les initiatives communes, dans le respect des sensibilités de chacun, loin de toute volonté hégémonique. Car les libéraux, quand les lois vont dans leur sens, savent s’unir efficacement. En témoigne la loi travail XXL, votée main dans la main par les députés En Marche et Les Républicains.

Notre groupe a un rôle charnière à jouer dans cette reconstruction. Deux batailles, sur la suppression du « verrou de Bercy » et le recours commun au Conseil constitutionnel sur la loi Travail, ont d’ores et déjà permis de nous unir avec les forces de gauche de combat, France Insoumise et Socialistes. Cela va dans le bon sens mais reste insuffisant.

A la rentrée, l’examen du budget doit nous permettre d’aller plus loin, en particulier contre le détricotage de l’ISF, la baisse des APL, les projets visant à instaurer la sélection à l’entrée de l’Université, la mise en place du CETA, etc. Nous serons à l’initiative pour conforter nos convergences.

La rentrée s’annonce donc très mouvementée, plusieurs journées de mobilisations sont annoncées et la Fête de l’Humanité promet d’être un grand rendez-vous des forces de gauches anti Macron. Dans ce contexte, quelles perspectives pour la reprise de la bataille parlementaire ?

A.C : Emmanuel Macron et Edouard Philippe ont voulu faire vite, usant de la « stratégie du choc » en plein cœur de l’été pour tenter d’étouffer toute contestation. Mais la bataille contre la loi travail XXL avec son cortège de reculs sociaux, est loin d’être terminée.

A l’automne, les ordonnances écrites en catimini devront être ratifiées. Dans l’Hémicycle, nous serons à nouveau à l’offensive pour faire entendre la voix du peuple et du monde du travail. Face aux velléités de régression sociale de l’exécutif, nous continuerons à poser les bases d’un code du travail du XXIème siècle, véritablement protecteur et utile à tous.

Les mobilisations populaires vont se multiplier, avec un premier rendez-vous le 12 septembre, puis la Fête de l’Huma dans la foulée. Elles seront déterminantes.Car soyons francs : seule une mobilisation forte des travailleurs, des précaires, des étudiants et des puissances syndicales permettra de bousculer les équilibres et renverser le rapport de force. J’ai l’intime conviction qu’il est possible de faire reculer ce Gouvernement, car il n’y a pas de majorité dans ce pays pour un détricotage en règle du code du travail.

Ton nouveau livre : “Et maintenant monsieur le président, 10 interpellations à Emmanuel Macron” est sorti le 31 Août. Peux-tu nous en dire plus sur cet ouvrage et son objectif ?

A.C : Nous sortons d’une longue séquence électorale : primaires de droite puis du PS, élections présidentielles puis législatives… Et pourtant, j’ai le sentiment que les grands sujets politiques d’avenir pour les Français n’ont pas ou très peu été abordés.

Quelles actions mener pour lutter contre le réchauffement climatique ? Quelles mesures pour « définanciariser » la société ? Comment combattre l’évasion fiscale ? Quel projet pour la jeunesse ? Les « affaires » submergeant le candidat de droite et la stratégie marketing du candidat Macron seront venues balayer toutes ces thématiques.

A travers cet ouvrage et à partir des éléments avancés par le projet de M. Macron, j’ai voulu revenir sur le fond et aller au-delà de la simple opposition frontale, certes spectaculaire, mais largement insatisfaisante.

Ce livre porte une double ambition. D’abord, prendre du recul, sortir du temps médiatique, pour analyser, décrypter et démontrer la cohérence du projet Macron – néolibéral et néoconservateur. Puis proposer une autre cohérence, celle d’un projet de progrès et de mieux vivre dans un pays qui n’a jamais été aussi riche.


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