Nous connaissons tous ce mythe laissant penser qu’aller à l’université serait un aller simple vers la case chômage. Cette fameuse université déconnectée du monde du travail que ne fait que produire des individus incapables de pratiquer un métier.
C’est ce mythe directement inspiré du système capitaliste qui a donné lieu aux transformations de l’enseignement supérieur. Maintenant, aucun étudiant ne passe 3 ou 5 ans sans faire un stage. Mieux, l’expérience professionnelle est valorisée par les plateformes de sélection.
Alors, l’université est-elle réellement déconnectée du monde de l’entreprise ?
La réponse est non. C’est même bien le contraire, aujourd’hui, l’enseignement supérieur et la recherche s’adaptent pleinement au monde de l’entreprise. Que ce soit dans ses enseignements que dans sa manière de fonctionner.
Ce modèle inspiré de celui anglo-saxon a défait petit à petit l’essence de l’enseignement supérieur. En effet, cette “professionnalisation à tout prix” a eu des effets catastrophiques sur l’aspect émancipateur. Car la réduction du temps de cours au profit des stages et le manque de moyen ont causé un affaiblissement de la pensée critique. Le constat est assez clair dans le corps professoral sur la baisse de niveau.
L’université n’a jamais été réellement déconnectée du monde du travail, mais cet argument a été utilisé pour la transformer au profit du capital et pour la faire entrer dans une logique de formation rentable. C’est-à-dire, une formation qui rend opérationnels les jeunes après leur diplôme. Alors qu’avant ces transformations, la formation au métier se faisait directement dans l’entreprise lors de la prise de poste.
Nous devons construire l’enseignement supérieur d’une manière radicalement différente. Repenser notre modèle pour aller vers un ESR de création et de partage des savoirs. Qui forme des futur·e·s travailleurs et travailleuses capables d’esprit critique et d’analyse de ce qui les entoure grâce à une formation commune et exigeante.
