L’édito d’Antoine Guerreiro

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L’édito d’Antoine Guerreiro

Petits ruisseaux et grandes rivières

Après l’adoption il y a quelques semaines de la loi Orientation et réussite des étudiants (ORE), c’était lundi autour de la réforme de la SNCF d’être validée par le Sénat, mais aussi de la loi ELAN sur le logement d’être entérinée à l’Assemblée.

Jour après jour le président et sa majorité s’emploient donc activement à la transformation néolibérale de la société française, par l’imposition de cadences infernales aux chambres parlementaires et par l’écrasement de toute opposition crédible. Face à ce bulldozer la gauche et le mouvement social ont pourtant fait preuve, il faut l’avouer, d’une certaine capacité de résistance. Les syndicats, les associations progressistes, le Parti Communiste, ont peut-être été abimés, attaqués, divisés, mais sont toujours debout et au combat.

C’est heureux car c’est à l’endurance qu’appelle ce quinquennat si particulier. De nombreux projets de loi rétrogrades attendent encore dans les tiroirs ministériels, et aucun secteur de la société n’échappera à la réforme : on pense par exemple à celle de l’audiovisuel public, tout juste annoncée. On pense aussi au chantier des « aides sociales » récemment ouvert par les ministres Le Maire et Darmanin. Comme lors des précédentes mesures d’économies, les étudiant·e·s font partie des premières cibles : APL et bourses sur critères sociaux sont visées. Comme si l’urgence était d’ajouter à la sélection administrative de Parcoursup une sélection financière renforcée !

Économies de bouts de chandelle pour les uns, généreux cadeaux fiscaux pour les autres : une fois de plus le macronisme apparaît au grand jour. A contrario de la « théorie du ruissellement », il ne s’agit pas de faire profiter à toute la société de la richesse des milliardaires, mais de saigner aux quatre veines celles et ceux qui produisent les richesses – ou en bénéficient par la solidarité intergénérationnelle – ce afin d’alimenter en permanence le capital de profits toujours plus juteux. Conformément à l’adage populaire, c’est bien toujours vers les grandes rivières que coulent les petits ruisseaux… On comprend donc, par une lecture économique marxiste, en quoi les mesures annoncées visent à vider les poches des étudiant·e·s pour remplir les coffres du CAC40.

Pour qui veut répondre aux grands défis de l’avenir, c’est une tout autre politique qu’il s’agit de mettre en œuvre. En dépassant les « aides sociales » et en reconnaissant l’étudiant·e comme un·e travailleur·se en formation ayant droit à un vrai revenu, nous remettrions la société sur ses pieds, tout simplement en attribuant les richesses à celles et ceux qui les produiront ! Cette revendication du salaire étudiant, et plus largement de la protection sociale pour les étudiant·e·s, était au cœur des mobilisations contre la loi ORE, et sera encore largement en débat dans les universités à la rentrée. Puisqu’en termes de mobilisation sociale aussi « les petits ruisseaux font les grandes rivières », les étudiant·e·s communistes s’attacheront à la faire grandir !


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