L’édito d’Antoine Guerreiro

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L’édito d’Antoine Guerreiro

Un colosse aux pieds d’argile

C’est une simple anecdote, une interpellation dans la foule comme les personnalités publiques en vivent sans doute tous les jours.

En marge de la cérémonie du 18 juin au Mont-Valérien, un collégien chante l’Internationale puis gratifie le président du désormais célèbre « Ca va Manu ? ». La vidéo du recadrage qui suit, publiée sur le compte Twitter du président, a été visionnée des centaines de milliers de fois et devrait d’ailleurs à ce titre être attaquée pour non-respect du droit à l’image des mineurs.

Au-delà du caractère moralement contestable de la réaction du président, cet épisode interroge la paradoxale fragilité du pouvoir présidentiel. Un seul homme en France concentre comme jamais l’ensemble des pouvoirs, et pourtant un rien semble pouvoir faire vaciller nos institutions. Si tel n’était pas le cas, pourquoi alors s’acharner sur la plaisanterie d’un jeune garçon ? La moindre remise en cause de la « fonction présidentielle », fusse-t-elle symbolique, ouvrirait-elle la voie à un écroulement de tout l’édifice ? Emmanuel Macron serait-il un nouveau colosse aux pieds d’argile ?

Il est en tout cas certain que le long processus de dépossession des député·e·s et de tous les contre-pouvoirs ouvert par la Vème République (et dont l’Assemblée nationale actuelle n’est en fait que le produit fini) accélère toutes les contradictions et fait reposer sur les seules épaules du président toutes les tensions sociales.

Ne rien laisser passer, sous aucun prétexte. Voilà le leitmotiv qui expliquerait en tout cas l’obsession gouvernementale du moment : écraser systématiquement toute expression démocratique. Le secteur de l’éducation étant un chantier permanent des réformes libérales, les jeunes sont particulièrement visé·e·s dans la période. Il s’agit de tout faire pour empêcher le réveil d’une génération. Et pourtant il est peut-être déjà trop tard : à l’instar de nombreuses autres jeunesses du monde aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne, au Chili ou encore au Canada, des milliers d’étudiant·e·s de France se sont levé·e·s contre la sélection à l’université.

A la rentrée, le travail des étudiant·e·s communistes sera de poursuivre sans relâche la politisation des universités. Sexisme à l’université, catastrophe Parcoursup, augmentation des frais d’inscription : les sujets ne manquent pas, gageons que nous saurons nous saisir de chacun d’entre eux au travers de nos campagnes politiques. Rendez-vous dans deux semaines pour les prochaines étapes : résultats du Bac et chaînes d’inscription !


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