L’édito du mercredi par Antoine Guerreiro

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L’édito du mercredi par Antoine Guerreiro

Plan Etudiants : la voie de la médiocrité

Depuis quinze jours le “Plan Etudiants” est au centre du débat public. Demain nous manifesterons d’ailleurs dans toute la France aux côtés des salarié.e.s, contre la Loi Travail mais aussi contre la sélection à l’université qui est l’une de ses mesures phares. Six jours plus tard c’est le gouvernement qui abattra ses cartes, avec la présentation du projet de loi en Conseil des ministres.

Pour l’instant si l’on passe en revue chacune des mesures annoncées par son gouvernement, on ne peut que constater la grande cohérence d’Emmanuel Macron dans sa politique éducative. L’objectif des employeurs et de leur président est simple : briser méthodiquement toute entrave à l’exploitation de notre travail.

Possible disparition du baccalauréat comme diplôme national unique, concurrence entre universités, y compris pour sélectionner les meilleurs profils d’étudiant.e.s, attribution de financements différenciés selon les territoires et les établissements…

C’est bien pour briser le cadre collectif et protecteur que représentent les diplômes que toutes ces mesures sont plébiscitées et appliquées depuis quinze ans par les gouvernants. La voie avait été toute tracée par les réformes de Pécresse et de Fioraso, elle est aujourd’hui poursuivie avec acharnement par Frédérique Vidal.

Et pourtant avec ces réformes, que de gâchis d’intelligence, de savoirs et de savoir-faire, que de temps perdu ! C’est une grave erreur de calcul qu’ont fait les libéraux : ils voulaient faire baisser la reconnaissance juridique et sociale des diplômes, ils en ont surtout dévalorisé le contenu. Ils pensaient désarmer les jeunes diplômé.e.s de leurs droits pour l’entretien d’embauche, et ainsi donner tout pouvoir de décision aux patrons sur le salaire, le temps et les conditions de travail, mais dans l’opération c’est tout l’enseignement supérieur qu’ils ont désarmé !  

Malgré le dévouement et la créativité des équipes pédagogiques, nos formations se sont dégradées, dans leurs financements comme dans leurs contenus. Des diplômes sous-financés, des options à la carte et des cours parfois sans aucun sens, voilà ce qu’est devenu le quotidien d’une majorité d’étudiant.e.s.

Maintenir ses futur.e.s salarié.e.s dans la médiocrité : voilà donc la seule manière pour le patronat de maintenir un pouvoir qui a perdu tous ses fondements. Chaque jour qui passe accentue en fait la contradiction entre la volonté vitale des capitalistes de contrôler chaque aspect de la vie économique, et la nécessité vitale pour les travailleur.se.s qualifié.e.s de la prendre en main démocratiquement.

Entre capitalisme et communisme, entre monde d’hier et monde de demain, l’alternative est toujours plus tranchée et décisive. Pour notre part nous avons choisi : nous serons demain dans la rue, et après-demain sur nos campus pour construire une université au service du travail et du progrès social.


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