Le Pen: la préférence nationale contre la démocratie

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Le Pen: la préférence nationale contre la démocratie

Le projet du FN se dit patriote, fait d’innombrables références à la nation. Il prétend rendre aux français leur souveraineté. Mais quelle souveraineté et à quels français ?

Le slogan de campagne « au nom du peuple » prétend en faire un parti populaire. Plusieurs des 144 propositions vont dans le sens d’une démocratie directe, la dirigeante frontiste a même déclaré :

“Le projet le plus démocratique qui soit, c’est le mien. Nous sommes en quelque sorte dans cette présidentielle les champions de la démocratie”

Marine Le Pen, le 8 mars 2017 sur RTL

Pourtant il semble y avoir une incohérence assumée et parfaitement construite sur la notion de démocratie. Il n’y a pas de démocratie réelle si le peuple qui détient le pouvoir ne correspond pas entièrement au peuple sur qui s’applique ce pouvoir.

La xénophobie et le racisme du FN sont donc totalement incompatibles avec ces prétentions démocratiques.

L’étranger est désigné comme l’ennemi

Rendant impossible la régularisation ou la naturalisation des migrants sans papiers, et en systématisant leur expulsion, le FN prévoit réduire l’immigration légale à moins de 10 000 personnes par an. Preuve de sa méconnaissance totale du sujet, le parti d’extrême droite promet la fin d’une supposée régularisation automatique par mariage qui… n’existe pas.

Si les migrants d’Europe de l’Est font partie des victimes collatérales de Marine Le Pen, ce sont bien les réfugiés maghrébins, d’Afrique Subsaharienne et du Moyen-Orient qui sont visés par ses projets de politique migratoire.

De nombreuses promesses de campagne en attestent, comme la suppression de la double nationalité extra-européenne, ou la promesse d’économies en supprimant les « mauvaises dépenses destinées aux clandestins », notamment l’Aide Médicale d’État.

Les frontistes semblent prêts à tout pour gagner les voix xénophobes et racistes, quitte à amputer l’enseignement des enfants, en proposant par exemple la suppression de « l’enseignement des langues et cultures d’origines ».

Une citoyenneté dévoyée

La priorité nationale est donc au cœur du programme, quand bien même certaines propositions induisent de fait une nationalité à deux vitesses. En affirmant « défendre l’identité nationale, les valeurs et les traditions » d’une supposée « civilisation française », le parti frontiste prévoit l’érection de la citoyenneté française en privilège.

Pour les personnes nationalisées et les descendants de l’immigration, notamment post-coloniale, le parti d’extrême droite exige l’assimilation républicaine : si le concept n’est pas clairement défini, le programme précise que l’assimilation est « plus exigeante que celui de l’intégration ».

L’inscription de la préférence nationale dans la constitution va bien au-delà d’un ajout cosmétique.

La constitution est le socle de toutes les lois. Une fois une telle inscription effectuée, c’est la porte ouverte à un arsenal législatif xénophobe et raciste.

De plus la citoyenneté est le fondement de la démocratie. Les citoyens élisent des représentants qui les représentent. Si la citoyenneté est restrictive au point d’entraîner un décalage entre la communauté politique (les habitants) et ceux qui ont le droit de vote, il n’y a plus de démocratie.

Au-delà du racisme des mesures proposées, elles représentent un danger pour le fonctionnement démocratique de notre pays. Faire de la citoyenneté un privilège c’est jouer un jeu dangereux. Aujourd’hui il faudra être né en France, et demain ? Quelles seront les conditions ?

En 2022, en cas de victoire du FN, qui sera encore citoyen pour participer aux prochaines élections ?


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