Les étudiants et le logement : un casse-tête français

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Les étudiants et le logement : un casse-tête français

Quoi de plus normal pour les jeunes que de vouloir s’émanciper avec un logement autonome ? Pourtant, les freins au logement pour les étudiants sont de plus en plus infranchissables. 

Un loyer moyen de 570 euros par mois

La précarité étudiante semble s’être durement installée, laissant le sentiment d’entendre la même rengaine sur l’augmentation des frais à chaque rentrée. COVID, guerre en Ukraine… les coupables idéals ne sont pas les seuls à blâmer. Le coût de la vie étudiante connaît une forte hausse depuis la gouvernance Macron. 

Avec un loyer moyen de 570 euros par mois, le logement représente le premier poste de dépense des étudiants. Nombre d’entre eux ne savent plus quoi sacrifier pour s’en sortir. La réforme – promise depuis 6 ans – faisant augmenter les bourses de 37 euros ne permet toujours pas de payer un loyer et ne peut pas pallier l’augmentation du coût de la vie.

Mesures en trompe-l’œil et affichage du gouvernement 

Face à ce constat porté par les organisations étudiantes depuis des années, l’État oscille entre proposer des mesurettes et un discours infantilisant en réponse aux étudiants et à leurs problématiques spécifiques. Le mythe des dures années étudiantes qui forgent le caractère perdure alors que le mal logement est profondément délétère pour la qualité des études et la santé. 

Un manque criant de CROUS

Le parcours du combattant pour trouver un logement commence dès la demande de logement auprès du CROUS. Si 38,4 % des étudiants en France sont boursiers, seuls 5 % vivent en résidence étudiante publique, de quoi laisser nombre d’entre eux sur le carreau. 

Le grand plan de construction de cités universitaires promis par Macron en 2017 pour ouvrir 60 000 places en cinq ans n’est même pas à mi-chemin, et bien trop timide face à la quantité d’étudiants à loger. 

Prix élevés et insalubrité 

Une fois admis en résidence CROUS, les loyers peuvent même s’avérer particulièrement élevés pour le budget restreint d’un étudiant, puisqu’il faut compter en moyenne 380 euros par mois. 

Le gel des loyers du CROUS instauré en 2022 à grands renforts de communication gouvernementale masque en réalité l’augmentation des charges locatives, qui peut s’élever jusqu’à 50 euros par mois selon les villes. 

Quand les loyers ne sont pas trop chers, ce sont cette fois les résidences qui sont vétustes, voire insalubres. 

Le privé comme porte de sortie 

Après avoir essuyé des refus en résidence CROUS, de nombreux étudiants n’ont pas d’autres choix, pendant l’été, que de réorienter leurs recherches vers des logements privés. Loyers exorbitants, propriétaires sans scrupules, ils sont plongés dans le grand bain du sacro-saint droit à la propriété, au détriment du droit au logement. 

Les logements privés coûtent plus cher, et connaissent cette année une augmentation record qui ne se contente plus des grandes métropoles, mais gagne depuis plusieurs années Caen, Angers ou Dijon. 

Un marché fleurissant 

Le marché des étudiants en détresse est attractif puisque au-delà des logements individuels, des colocations et de plus en plus de studios aux prestations similaires au CROUS fleurissent, mais pour un loyer doublé. 

Des mesures phare de la gouvernance Macron ont aggravé la situation du logement pour les étudiants, déjà largement fragilisée. Attaque du modèle de HLM, baisse des APL, réduction du budget des bailleurs sociaux… Toutes ont eu pour conséquence de rendre encore plus difficile la quête d’un logement pour les étudiants. 

Le gouvernement ne s’est donc pas seulement abstenu de politique du logement, il a montré avec clarté sa volonté de déséquilibrer encore un peu plus le rapport locataire/propriétaire au détriment des locataires les plus précaires, parmi lesquels les étudiants occupent une place de choix. 


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